Qu’entend-on par « colonies israéliennes » ?
Question posée par Touria Benakcha, Sidi Bou Saïd, Tunisie
Quand on parle de colonies israéliennes dans les Territoires occupés, on pense aux implantations de peuplement érigées en Cisjordanie, à Gaza et dans le Golan syrien au lendemain de la guerre des Six-Jours, en juin 1967. Le nombre de ces colonies s’élève aujourd’hui à 180. Leur population, estimée à près de 390 000 individus, augmente sans cesse, grâce à l’arrivée d’immigrés juifs provenant de la diaspora et à un taux de natalité nettement supérieur à celui du territoire national. Elle se répartit comme suit : 190 000 à Jérusalem-Est, 180 000 en Cisjordanie, 8 000 à Gaza et 9 000 dans le Golan.
À ces colonies, officiellement répertoriées, s’ajoutent des communautés de colons établies dans une centaine d’avant-postes disséminés à travers la Cisjordanie. Près de 60 % de ces implantations dites « sauvages » sont, en réalité, des noyaux de nouvelles colonies. Elles ont été installées après l’arrivée du gouvernement d’Ariel Sharon, en 2001. Contrairement à une idée répandue, les colons israéliens n’appartiennent pas tous au noyau dur des religieux. Nombre d’entre eux ont choisi de s’installer dans les colonies pour des raisons économiques. En effet, le gouvernement de Tel-Aviv accorde de nombreux avantages aux Israéliens qui acceptent de déménager dans les Territoires occupés (exemptions de taxes, prêts à taux préférentiels, services gratuits, emploi garanti dans le secteur public, etc.)
À la lumière du droit international, toutes ces colonies sont considérées comme illégales. En effet, la Convention de Genève interdit à toute force occupante de transférer les habitants de son propre territoire sur un territoire occupé. En avril dernier, la communauté internationale a demandé à Israël, pour la énième fois, dans une résolution des Nations unies, de mettre fin à ses activités de colonisation dans les territoires palestiniens. En vain. L’État hébreu, qui a rarement respecté une résolution onusienne, continue à soutenir que les conventions relatives aux Territoires occupés ne s’appliquent pas à la Cisjordanie et à Gaza, car ces territoires n’étaient pas sous la souveraineté légitime d’un État au moment de leur occupation.
Quant à la société israélienne, elle demeure très divisée sur la question. Beaucoup d’Israéliens appellent au démantèlement de ces colonies, qui coûtent à l’État hébreu, selon des chiffres cités par le quotidien de gauche Ha’aretz, quelque 500 millions de dollars par an, hors dépenses militaires et de sécurité. D’autres, moins nombreux mais plus actifs, pensent que ces colonies font partie de la Terre promise à Israël et que l’expansion coloniale est totalement justifiée. Forts du soutien d’une partie de la droite religieuse, ces derniers s’opposent aujourd’hui fermement au plan de désengagement unilatéral de la bande de Gaza proposé par Ariel Sharon et avalisé par le gouvernement et la Knesset (Parlement), le 26 octobre dernier.
Ce dernier, qui présente son plan comme un sacrifice pour la paix, ne cesse en réalité d’encourager, en sous-main, les travaux d’extension des nouvelles colonies en Cisjordanie. C’est, en tout cas, ce que montrent des cartes et des images aériennes prises par l’Organisation israélienne de surveillance des colonies.
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