Le dollar et le Coran

Publié le 14 février 2005 Lecture : 2 minutes.

Le premier article de foi de Crescent Capital Investments (crescent signifie « croissant »), filiale américaine de la First Islamic Investment Bank de Bahreïn, est de respecter les règles de l’islam. Il n’y avait aucun interdit à s’intéresser, par exemple, à la chaîne de grands magasins Loehmann’s, car elle ne vend pas d’alcool, ne prête pas à intérêt, n’autorise pas les jeux d’argent, ne cultive pas de tabac, ne propose pas de spectacles trop osés et ne fait pas commerce de viande de porc. Il en allait de même de Church’s Chicken et de Caribou Coffee. Via cette filiale, qui a été créée en 1997 et dont le siège est à Atlanta, en Géorgie, First Islamic a donc pu en faire l’acquisition sans problème de conscience. Elle a ainsi procédé, ces six dernières années, à quatorze rachats de ce type. À hauteur de 2 milliards de dollars, elle est devenue le premier investisseur moyen-oriental aux États-Unis.
Le directeur général de Crescent Capital, Charlie Ogburn, lui-même épiscopalien, explique qu’il a délibérément renoncé, en revanche, à acheter une chaîne de fast-food parce qu’elle vendait des cheeseburgers au bacon. Même s’il faut parfois un peu d’imagination pour tourner la difficulté. Au lieu d’acquérir la totalité de Loehmann’s à crédit, ce qui aurait entraîné le paiement d’intérêts, il a simplement acheté comptant les actifs de la chaîne pour les mettre à sa disposition moyennant une redevance. Le système lui permet une rentabilité globale de 20 % tout en respectant la charia, qui interdit l’usure et les prêts avec intérêts.
Crescent Capital a déboursé environ 650 millions de dollars pour le rachat de Loehmann’s, de Church’s et de Caribou, et compte acquérir deux à quatre autres sociétés aux États-Unis cette année. Appâtées par ses succès, d’autres banques islamiques marchent sur ses traces. La Unicorn Investment Bank de Bahreïn a ouvert une agence à Chicago l’été 2004. La Qatar Islamic Bank a indiqué qu’elle en ouvrirait une l’automne prochain. Elle s’appellera American Financing House et disposera de 100 millions de dollars.
D’autres sociétés moyen-orientales font, ces temps-ci, en Occident des investissements encore plus importants sans se soucier aussi explicitement de la charia. Dubai International Capital, filiale du Dubai Holding, a pris une participation de 1 milliard de dollars (766,8 millions d’euros) dans DaimlerChrysler. Les premiers contacts entre les deux partenaires datent de l’automne 2004 et du voyage à Dubaï du directeur général de DaimlerChrysler, Jürgen Schremp. Cet investissement a permis à Dubai International d’acquérir environ 22 millions d’actions du groupe, soit 2,2 % du total. Il devient ainsi le troisième actionnaire de DaimlerChrysler derrière la Deutsche Bank (10,4 %) et l’émirat du Koweït (7,2 %).
Le Dubai Holding appartient au prince héritier Cheikh Mohamed Ibn Rachid Al Maktoum.

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