L’année de tous les records

Résultats opérationnels exceptionnels, initiatives tous azimuts… Jamais la Banque africaine de développement n’avait affiché une telle vitalité.

Publié le 14 février 2005 Lecture : 3 minutes.

On disait de la Banque africaine de développement (BAD) qu’elle prospérait pendant que l’Afrique s’appauvrissait. En 2004, les deux ont prospéré ensemble. Le taux de croissance en Afrique a été de 4,5 % en moyenne, nettement supérieur à la moyenne de 3,4 % enregistrée pendant les cinq dernières années (voir J.A.I. n° 2300). Le Groupe de la BAD affiche cependant une santé beaucoup plus éclatante et bien moins précaire. Ses résultats opérationnels en 2004 ont battu tous les records. Les bénéfices nets ont atteint le niveau le plus élevé jamais enregistré (voir infographie). Les activités de prêt, de don et les allègements de dette ont totalisé 4,4 milliards de dollars, dont 2,4 milliards pour des opérations à travers ce qu’on appelle le guichet BAD, qui prête aux pays capables d’emprunter à des conditions commerciales. Celui-ci finance des programmes destinés à améliorer la compétitivité des économies, notamment à travers le développement des infrastructures, la mise en oeuvre de réformes clés et la promotion du secteur privé. Les 2 milliards de dollars restants ont été consacrés à des prêts concessionnels, à travers le Fonds africain de développement (FAD), en faveur de quarante pays à faible revenu pour les aider à lutter contre la pauvreté, avec comme priorités le développement agricole et rural, l’infrastructure rurale, l’éducation et la santé.
Record également dans la reconstitution des ressources du FAD X (2005-2007), qui ont atteint 5,4 milliards de dollars, contre 3 milliards pour chacun des deux FAD précédents (FAD IX : 2002-2004 et FAD VIII : 1999-2001) et 2 milliards pour le FAD VII (1996-1998). Jamais la BAD n’a disposé d’une telle réserve de fonds pour les pays pauvres du continent.
Record enfin en matière de développement des ressources humaines. En 2004, deuxième année de sa relocalisation temporaire d’Abidjan à Tunis, la BAD a recruté pour la première fois plus d’une centaine de personnes (contre une soixantaine en moyenne auparavant), démontrant ainsi sa capacité d’absorption de l’expertise africaine et non africaine.
Étant en quelque sorte à l’Afrique ce que la Banque mondiale est à l’ensemble du monde, la BAD s’est positionnée, en 2004, dans le débat sur le devenir du continent. Dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), lancé il y a trois ans, la Banque joue un rôle central en matière de coopération et d’intégration régionale en tant que « chef de file » dans le domaine des infrastructures et celui des normes bancaires et financières. À ce jour, la BAD est la seule institution à avoir injecté de l’argent dans la mise en oeuvre de projets Nepad. Pour ce faire, elle a élaboré un Plan d’action à court terme (2002-2007) pour l’infrastructure comportant une douzaine de projets nécessitant un financement estimé à 8 milliards de dollars. Elle a déjà approuvé 520 millions de dollars pour financer des projets déjà identifiés et a mobilisé un cofinancement de 1,6 milliard de dollars auprès d’autres sources. À titre d’exemple, le lancement, en 2004, du projet de construction de la route Burkina-Mali-Ghana (un millier de kilomètres) a été financé par le FAD à hauteur de 97,36 millions de dollars. Le projet, dont le coût global est estimé à 261 millions de dollars, vise à faciliter l’intégration et la coopération sous-régionale des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il offrira au Burkina et au Mali, qui n’ont pas de façade maritime, un accès aux ports du Ghana et permettra de réduire les coûts de transport grâce à des mesures de transit adaptées. Le Plan d’action à court terme pour l’infrastructure sera bientôt suivi par un plan à moyen terme, en cours d’élaboration avec les organisations économiques sous-régionales du continent, la Banque mondiale et l’Union européenne.
Records opérationnels et initiatives multiples pour donner un coup de fouet au développement en Afrique viennent couronner le second et dernier mandat de cinq ans d’Omar Kabbaj à la tête du Groupe de la BAD, qui entame sa troisième année de relocalisation temporaire à Tunis.

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