Kadhafi « mouille » Kim Jong-il

La Corée du Nord aurait livré de l’uranium à la Libye.

Publié le 14 février 2005 Lecture : 2 minutes.

Les dirigeants nord-coréens en font l’amère expérience : on ne se méfie jamais assez de ses amis. Surtout lorsqu’ils sont aussi versatiles que l’est Mouammar Kadhafi ! En décembre 2003, la décision du « Guide » de la Jamahiriya – désireux de s’assurer l’indulgence des États-Unis pour ses errements passés – de démanteler le programme nucléaire libyen a déclenché une réaction en chaîne dont les effets pourraient se faire sentir jusqu’à Pyongyang.
Analysant les quelque 2 tonnes d’uranium hexafluoride stocké dans des conteneurs obligeamment fournis par la Libye, les spécialistes du département américain de l’Énergie ont en effet cru déceler – ils en sont sûrs « à 90 % » – la « signature » de la centrale nucléaire de Yongbyon, en Corée du Nord. Alors que tout le monde était convaincu que les capacités nucléaires de la Libye lui avaient été vendues par le Pakistan. L’uranium hexafluoride n’est pas une matière fissile, mais, après enrichissement, peut parfaitement être utilisé à des fins militaires.
Les responsables de l’administration Bush sont actuellement très divisés sur la conduite à tenir à l’égard de l’ubuesque régime de Kim Jong-il. Dialogue ou sanction ? Conduits par le vice-président Dick Cheney – ce qui ne surprendra personne -, les partisans de la manière forte ont tendance à exagérer la menace nucléaire nord-coréenne, dont on ne sait, à la vérité, pas grand-chose. Une « intox » comparable à celle auxquelles les prétendues armes de destruction massive irakiennes ont donné lieu n’est donc pas à exclure, même si le fait que l’information émane du ministère de l’Énergie et non des services de renseignements en réduit la probabilité. Même Condoleezza Rice, la secrétaire d’État, a priori plus mesurée, a récemment rangé la Corée du Nord, parmi cinq autres pays, sur la liste noire des « avant-postes de la tyrannie ».
Si une intervention américaine paraît néanmoins improbable, toutes les puissances régionales – de la Chine au Japon, en passant par la Corée du Sud – préférant le statu quo à une aventure militaire aux conséquences imprévisibles, d’autres pays pourraient faire les frais de l’opération, au premier rang desquels, bien sûr, l’Iran et la Syrie, les deux bêtes noires de l’administration Bush depuis la chute de Saddam Hussein. On murmure à Washington que Téhéran et Damas pourraient, comme Tripoli, avoir bénéficié de la technologie nucléaire nord-coréenne. Les preuves ? Elles sont, pour l’instant, introuvables, mais n’en doutez pas : elles sont activement recherchées.

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