Kadhafi, MAM et les Mirage

Publié le 14 février 2005 Lecture : 2 minutes.

Dans le bureau-bibliothèque de sa résidence, au camp de Bab el-Azizia, à Tripoli, Mouammar Kadhafi résiste à la tentation de dégainer l’épée que vient de lui offrir Michèle Alliot- Marie, la ministre française de la Défense. « C’est l’épée de l’École militaire polytechnique », précise-t-elle. Le « Guide » libyen la remercie, puis, se tournant vers l’interprète, ajoute : « Dis-lui que je ne la tirerai pas de son étui par égard pour elle. » La veille, le ministre libyen de la Défense, Abou Baker Jaber Younes, avait sidéré MAM en se délestant promptement de son cadeau, au mépris du protocole. Kadhafi, plus rompu aux exercices médiatiques, a accepté de se prêter, en compagnie de son hôte, à une longue séance photo.
L’ambiance bon enfant de la rencontre a scellé les retrouvailles de la France et de la Libye sur le terrain de la défense après une rupture de plus de vingt ans. « Ce fut un dialogue très cordial », confie un collaborateur de MAM à l’issue des deux heures d’entretiens, dont vingt minutes en tête à tête.
Au lieu de commencer par signer des contrats de vente d’armes, comme dans les années 1970, la France entendait d’abord définir les grandes lignes d’une coopération multiforme en matière de défense. Et y est parvenue. L’accord-cadre signé par les deux ministres préconise un dialogue stratégique et une coopération militaire.
Des résultats concrets ont été obtenus avec la création de comités conjoints destinés à permettre aux experts de discuter des besoins de la Libye en matière de formation militaire, d’échanges de renseignements et d’armements. La France, troisième exportateur mondial, et les autres pays européens (Washington a maintenu son embargo sur les armes) se disputent âprement le marché de la Libye, qui veut profiter du doublement des revenus du pétrole pour moderniser son armée, en piteux état après l’embargo qui lui a été imposé entre 1992 et 2004. Dans un premier temps, Paris va essayer de sauver ce qui peut l’être des Mirage et des corvettes vendus à Tripoli dans les années 1970. Mais Kadhafi veut aller plus loin : il réclame des chasseurs Rafale, des hélicoptères Tigre, des radars, des frégates et des missiles. « Piano, piano », semblent avoir répondu les Français.

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