Sénégal : Aïssata Tall Sall, l’implacable opposante devenue alliée de Macky Sall

Jadis opposante radicale à Macky Sall, la très charismatique Aïssata Tall Sall est désormais sa ministre des Affaires étrangères. Une nomination qui consacre la « transhumance » politique de cette socialiste historique.

Aissata Tall Sall, ici en 2015 à Dakar, a été nommée ministre des Affaires étrangères le 1er novembre 2020. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Aissata Tall Sall, ici en 2015 à Dakar, a été nommée ministre des Affaires étrangères le 1er novembre 2020. © Sylvain Cherkaoui pour JA

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Publié le 11 décembre 2020 Lecture : 5 minutes.

Nous sommes en 2006. Aïssata Tall Sall, vêtue de la robe noire d’avocate, a troqué les amples foulards dont elle se coiffe habituellement pour deux tresses qui lui encadrent le visage. Un style sobre, pour une prestation enflammée. Dossier sous le bras, elle livre une plaidoirie passionnée, prenant la défense de l’Afrique face aux tenants de l’orthodoxie budgétaire.

La « violence » et le « cynisme » d’une dette « insoutenable », la responsabilité du FMI dans le « mal » provoqué par les ajustements structurels sur les États et les peuples du continent… L’argumentaire qu’elle déploie est implacable, le ton ferme et vindicatif. Si la scène est fictionnelle, saisie par l’objectif du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako pour son film Bamako, Aïssata Tall Sall est aux antipodes d’un rôle de composition. À l’écran, c’est bien elle qui plaide.

Avocate de formation, elle s’est forgée une réputation d’infaillible oratrice. Dans les prétoires sénégalais et africains d’abord, avant de faire résonner sa verve dans l’arène politique. Ils sont nombreux, alliés ou adversaires, à se délecter dans l’hémicycle des saillies verbales de celle qui a été élue député-maire de Podor en 2009. « La vie politique est très proche du métier d’avocat. C’est affaire de rhétorique, de convictions et de contradictions », confiait-elle d’ailleurs à Jeune Afrique en 2015.

« Éternelle socialiste »

De fait, convictions et contradictions auront rythmé le parcours de celle que l’on surnomme la « Lionne du Fouta », socialiste historique qui, en 2019, amorce un retournement qui va la conduire à accepter le portefeuille ministériel des Affaires étrangères au sein du gouvernement du président libéral Macky Sall, en novembre 2020.

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