Une détective botswanaise de choc

Le Britannique Alexander McCall Smith a conquis le monde entier avec sa détective africaine. Les cinq premières aventures de Mma Ramotswe figurent toutes au Top 50 du Bookseller. La sixième, In the Company of Cheerful Ladies, a investi les meilleures ventes fiction depuis août (Polygon).

Precious Ramotswe, divorcée d’un trompettiste alcoolique, a acquis avec l’héritage de son père une petite boutique où elle a installé la première agence de détectives africaine. Publié depuis 1999 par un petit éditeur écossais, Polygon, Alexander McCall Smith doit son succès au bouche à oreille. Édité aux États-Unis depuis 2002 et soutenu par les libraires indépendants, ses livres y ont atteint des ventes de deux millions d’exemplaires (Pantheon et Random House) et… de cinq millions dans le monde.
Qu’est-ce qui a conquis les lecteurs ? Une autre vision de l’Afrique, plus optimiste et pacifique, illustrée des petits riens de la vie quotidienne, un certain exotisme (l’héroïne fend le ventre d’un crocodile pour récupérer une preuve), et un pays qui a réussi sa survie économique, son autonomie et sa démocratie, le Botswana. La BBC a consacré un documentaire à la série et les tour-opérateurs proposent un circuit sur les traces de Mma Ramotswe.

La France rattrapera-t-elle l’Angleterre ? Emmanuelle Heurtebise, directrice littéraire de 10/18, a acheté la série avant qu’elle n’ait ce succès, pour alimenter la veine « découverte du monde » de « Grands détectives ». Les aventures de Mma Ramotswe ont toutes été réimprimées : Mma Ramotswe détective (sortie : novembre 2003, tirage total : 65 000 ex.), Les Larmes de la girafe (sortie : novembre 2003, tirage total : 50 000 ex.), Vague à l’âme au Botswana (sortie : avril 2004, tirage : 50 000 ex.). La quatrième, Les Mots perdus du Kalahari, est sortie le 7 octobre (tirage : 35 000 ex.). L’éditeur annonce deux autres titres en 2005.

Né au Zimbabwe en 1948, Alexander McCall Smith vit à Edimbourg, où il est professeur de droit médical (il a aussi enseigné aux États-Unis et en Italie). Il est membre du Comité d’éthique britannique et de la Commission internationale de bioéthique de l’Unesco. Il a bien sûr vécu au Botswana, où il a participé à la création d’une école de droit et à l’élaboration du code pénal. En vingt ans, il a écrit plus de cinquante ouvrages, manuel juridique, précis de grammaire portugaise, nouvelles mais aussi des livres pour enfants (Où sont mes cinq tantes sans tête ?, Pocket Junior, 1994, et Le Meilleur hamburger du monde, Castor Poche Junior, 2001). Musicien amateur (il a fondé avec sa femme « The Really Terrible Orchestra »), la légende veut qu’il joue de temps en temps avec un autre auteur de polars, Ian Rankin, qui habite la même rue que lui, comme un autre grand nom de la littérature britannique… J. K. Rowling.