Tunis en plein lifting

Assainissement du Lac-Sud de la capitale et aménagement de ses berges… Construction d’une marina à l’emplacement de l’ancien port de commerce…

Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Depuis la nuit des temps, ou presque, le Lac-Sud de Tunis a toujours été un plan d’eau marécageux, insalubre et nauséabond. Sur ses rives transformées en décharges sauvages s’amoncelaient détritus et carcasses de toutes sortes. Nul n’imaginait que cet endroit franchement sinistre puisse, comme par un coup de baguette magique, se transformer en un complexe de loisirs, d’affaires et de résidences déjà très convoité par les promoteurs immobiliers…
Le rêve est pourtant en passe de devenir réalité. Pour la première fois, la capitale tunisienne va s’ouvrir directement sur la mer. Zied Jouini regarde les eaux bleu azur s’engouffrer dans les écluses flambant neuves. Ingénieur en chef, il assure le suivi et le contrôle des travaux d’assainissement du Lac-Sud pour le compte de la Société d’étude et de promotion de Tunis-Sud (SEPTS), chargée de l’aménagement de la zone. « Le mouvement des écluses étant commandé par le cycle des marées, les eaux du lac sont totalement renouvelées en moins de cinq jours, explique-t-il. Les propriétés biologiques du fond [algues, etc.] permettent d’épurer l’eau, qui ressort plus propre qu’elle n’y est entrée. Dans quelques années, des loisirs aquatiques pourront être organisés ici. »
Réalisés par des entreprises néerlandaise, belge et italienne, les travaux d’assainissement ont comporté trois étapes : 1. le dragage et le nivellement des fonds, désormais d’une profondeur uniforme de 2 m ; l’établissement d’un échange entre le lac et la mer (4 millions de m3 d’eau par jour), par le biais d’un système d’écluses ; et la rectification du tracé des berges afin d’améliorer la circulation des eaux, ce qui a nécessité de réduire la superficie de l’ancien plan d’eau (de 1 100 ha à 700 ha). D’un coût de 100 millions de dinars (60 millions d’euros), l’opération a duré trois ans et s’est achevée au mois de septembre dernier. Mais Jouini continue de mesurer en permanence la qualité et le niveau des eaux du lac…
Et ce n’est là qu’un début ! L’assainissement n’est en effet que la première des trois phases prévues dans le cadre d’un aménagement intégré qui va transformer le visage de la capitale. La viabilisation des terrains, dont le coût est estimé à 450 millions de dinars, devrait commencer en 2005. Elle sera assurée par une société d’économie mixte public-privé en cours de constitution. L’aménagement d’une marina mitoyenne, sur l’emplacement de l’ancien port de Tunis, sera entrepris parallèlement. Coût : 100 millions de dinars.
Autre originalité par rapport à la ville nouvelle édifiée sur la rive nord du lac, Tunis marina et Tunis Bouhaira (noms provisoires des berges du Lac-Sud) prolongeront le centre de la capitale à partir de l’avenue Habib-Bourguiba. La métropole va donc s’agrandir jusqu’aux communes de Mégrine et de Radès. On estime que, dans quinze ans, Tunis Bouhaira comptera 150 000 habitants et abritera des activités fournissant jusqu’à 150 000 emplois.
La marina, qui comportera notamment un port de plaisance d’une capacité de 800 places ainsi que des activités commerciales et de services, comptera pour sa part quelque 30 000 habitants et 35 000 employés. Le plan d’aménagement de Tunis Bouhaira prévoit en outre la création en bordure du lac d’une esplanade piétonne longue de 7 km et large de 40 m, avec, à l’arrière-plan, une zone d’activités de 16 ha, un parking souterrain et une voie principale bordée de cafés, de restaurants et de commerces. Des zones spécifiques seront réservées à la construction de villas, d’une dizaine de tours (jusqu’à trente étages) et d’immeubles (de sept à douze étages). L’installation d’industries non polluantes et de diverses infrastructures collectives (une université, notamment) est prévue.
Les accès n’ont pas été oubliés, souligne Mohamed Zouari, le PDG de la SEPTS. Long de 260 m, un pont reliera le port de La Goulette à Radès, au-dessus du canal de Tunis, et débouchera tout près de Tunis Bouhaira. Ce qui permettra aux automobilistes venant de la banlieue nord (La Goulette, Le Kram, Salambo, Carthage, La Marsa, Gammarth) d’accéder directement à l’autoroute du Sud, sans traverser la capitale. Les travaux de construction devaient débuter prochainement. Leur coût est estimé à 130 millions de dinars.
Enfin, un terrain de golf sera aménagé au bord de l’eau, à côté de la marina. Il fera face à une presqu’île de 45 ha aménagée de telle sorte que les flamants roses et autres oiseaux migrateurs puissent continuer d’y faire étape lors de leurs périples entre l’Afrique et l’Europe. Qui a dit que la modernisation était incompatible avec le respect de l’environnement ?

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