Maghreb – Luis Martinez : « La Tunisie peut difficilement servir de modèle aux autres pays »
Dix ans après le début des « Printemps arabes », les pays d’Afrique du Nord font face à de nombreux défis. Pour le chercheur Luis Martinez, si l’Afrique subsaharienne leur impose des enjeux sécuritaires majeurs, elle leur offre aussi des perspectives.
Démocratisation, économie, justice sociale, sécurité… Dix ans après la révolution tunisienne et les mouvements de protestations qui lui ont succédé dans la région, c’est l’heure du bilan. Ces pays possèdent certes des points communs mais traversent des réalités différentes : de l’effondrement de l’État libyen au compromis démocratique tunisien, en passant par le questionnement sur la pérennité du système algérien ou des réformes marocaines.
Dans son ouvrage « L’Afrique du Nord après les révoltes arabes » (Presses de Sciences Po, 2019), Luis Martinez, directeur de recherche au Ceri (Centre de recherches internationales) Sciences Po, scrute leurs évolutions. Il décortique leurs recompositions et leurs politiques publiques face à la menace de fragmentation territoriale à l’œuvre. Alors que l’impératif du contrôle des frontières se fait encore au détriment du développement, il appelle à la nécessité pour ces États de se tourner vers l’intérêt général afin de se prémunir de tentatives de destruction politiques, régionales et idéologiques. Et si le salut leur venait en partie de l’Afrique ?
Jeune Afrique : Quel bilan tirez-vous des soulèvements qui on eu lieu au Maghreb durant la dernière décennie ?
Luis Martinez : Les pays de la région naviguent entre les espoirs et les illusions. La Libye a sombré dans la guerre civile et une quasi colonisation de puissances extérieures. Le Maroc a vu disparaître le mouvement du 20 Février (M20F), et les leaders du Hirak du Rif ont été condamnés au pénal à des peines très fortes.
L’Algérie a échappé aux révoltes mais l’émergence d’un Hirak suscite des espoirs. Certes pas dans le sens d’une modification de la nature du régime, car ce pays conserve un pouvoir central plus proche de celui du Maroc et de l’Égypte que de la Tunisie, mais plutôt des changements de comportements dans la société.
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