Fibre optique : le réseau unifié d’Orange va-t-il désenclaver le Mali et le Burkina ?

Baptisé Djoliba, le réseau mutualisé du groupe devrait simplifier ses offres sur le marché B to B en Afrique de l’Ouest. Il promet aussi de désenclaver les pays non côtiers.

Boutique Orange dans le centre commercial PlaYce-Marcory (CFAO), à Abidjan. © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Boutique Orange dans le centre commercial PlaYce-Marcory (CFAO), à Abidjan. © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

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Publié le 11 décembre 2020 Lecture : 3 minutes.

Il y a un an, il s’appelait Bafo et était présenté en grande pompe lors du salon AfricaCom en Afrique du Sud. Désormais, le réseau de fibre optique ouest-africain qui connecte huit pays (Sénégal, Côte d’Ivoire, Liberia, Mali, Burkina Faso, Ghana, Nigeria et bientôt Guinée) est commercialisé sous le nom Djoliba et a notamment pour ambition de désenclaver les pays non côtiers, qui ne bénéficient pas des larges capacités apportées par les câbles sous-marins.

Un réseau résilient, mais pas si nouveau

En réalité, cette infrastructure de plus de 10 000 kilomètres estimée à « quelques centaines de millions d’euros » selon Alioune Ndiaye, directeur général d’Orange Middle East & Africa (Omea) n’a de nouveau que le nom. Elle est le résultat d’une décennie de travail et d’investissement d’Orange dans les réseaux de chacune de ses filiales. « En moyenne, toutes les filiales investissent 15 % de leur chiffre d’affaires dans les réseaux. En cela, Djoliba est déjà amorti », rappelle Mamadou Bamba, directeur du cluster Orange Côte d’Ivoire, qui gère également le Burkina Faso et le Liberia.

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Networks, Infrastructures and services (Oinis). Leur mutualisation devrait permettre aux entreprises et aux populations de disposer d’un réseau plus résilient en cas de panne et de prix plus abordables.

« Avant, pour sécuriser son trafic internet, un opérateur au Mali devait disposer d’une route vers Dakar et d’une autre vers Abidjan, donc nouer plusieurs contrats avec plusieurs prestataires », explique Sékou Dramé, directeur général de Sonatel qui réunit Orange au Sénégal, au Mali, en Guinée et Guinée Bissau et en Sierra Leone. Désormais Djoliba offre un guichet et un service client unique.

Quels prix ?

Sur le papier, l’offre d’Orange semble pleine de bon sens. Mais pour que Djoliba soit véritablement en mesure de désenclaver les pays non côtiers, d’autres détails restent à régler.

« Il semble que les pays enclavés comme le Mali continuent de payer le prix fort, alors que l’on aurait pu penser que ces interconnexions leur profitent, regrette le dirigeant d’un fournisseur d’accès à internet malien. On m’a notamment communiqué le prix d’une liaison Dakar-Abidjan (1 gigabit entre 10 500 et 13 800 euros) près de trois fois moins chère qu’une liaison Dakar-Bamako ou Bamako Abidjan (entre 29 000 et 38 000 pour le même service) pour un même débit alors que Bamako est entre les deux capitales », ajoute-t-il.

Nous attendons de connaître la politique commerciale et marketing pour donner un avis

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Pour cet acteur des télécoms, il ne fait aucun doute que le monopole d’Orange sur les liaisons internationales au Mali continue avec Djoliba. Cette situation devrait donc limiter la baisse des prix dans un pays où un giga de données mobile coûte en moyenne près de sept dollars à l’utilisateur final, soit 10 % du revenu mensuel moyen.

Au Burkina, où les offres de Djoliba n’ont pas encore été commercialisées, le régulateur attend encore que les prix lui soient communiqués. « Nous attendons de connaître la politique commerciale et marketing pour donner un avis. Mais cette offre est déjà un avantage concurrentiel. Orange devrait renforcer sa position sur le segment », explique Charles Millogo, président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) du Burkina Faso.

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Dans ce pays néanmoins, les entreprises et les FAI (fournisseurs d’accès à internet) ont davantage le choix, puisque MainOne et PCCW sont déjà sur le segment. « Avec Djoliba, Orange se positionne pour être un acteur majeur sur le marché », conclut le dirigeant de l’Arcep.

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