Pas de faux espoirs !

Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Le battage médiatique qui a entouré l’annonce des « tests encourageants » obtenus sur un « vaccin thérapeutique antisida » par l’équipe du professeur Jean-Marie Andrieu s’explique bien évidemment par la gravité de la pandémie et le rêve de disposer bientôt de l’arme qui y mettrait fin.
Les associations qui luttent chaque jour sur le terrain ont aussitôt rappelé que « à ce jour, aucun vaccin ne permet de prévenir ou de soigner l’infection à VIH. L’unique outil de prévention ayant fait la preuve de son efficacité contre le risque de contamination sexuelle est le préservatif masculin ou féminin. Seuls les médicaments antirétroviraux
permettent à ce jour de contrôler à long terme l’infection à VIH chez une majorité de patients ».
Le communiqué est signé du collectif TRT-5 et des associations Act-Up Paris, Actions Traitements, Aides, Arcat, Sida Info Service, Dessine-moi un mouton et Sol En Si. Il ajoute : « Les résultats publiés dans Nature Medicine ne prouvent aucunement l’efficacité et l’innocuité du candidat-vaccin testé. Seules dix-huit personnes ont reçu la préparation vaccinale. Après la vaccination, un effet positif est observé sur le système immunitaire de certains patients, mais il disparaît au bout d’un an. Seule une étude comparative avec un suivi prolongé et un nombre plus conséquent de patients inclus permettront d’évaluer véritablement l’intérêt et la non-toxicité de la démarche scientifique de Jean-Marie Andrieu. »
L’emploi du mot « vaccin » peut être contesté, puisqu’il s’agit en fait d’une immunostimulation. Mais « l’éducation » des cellules dendritiques apparaît bien comme
une stratégie originale qui pourrait être prometteuse. Rendant compte dans Le Monde du texte paru dans Nature Medicine, Paul Benkimoun note néanmoins que « dans la communauté scientifique, l’enthousiasme est plus modéré » que dans les médias. Il conclut : « Plusieurs spécialistes de l’immunologie du sida comme les professeurs Yves Lévy (hôpital Henri-Mondor, Créteil) ou Laurence Weiss (hôpital européen Georges-Pompidou) soulignent également les difficultés de mise en uvre à grande échelle d’une technique à la carte, puisque la préparation est spécifique à chaque patient. Tous s’accordent à dire que cet
essai est préliminaire et ne permet pas d’affirmer que cette recherche aboutira à un véritable vaccin thérapeutique. Ils rejoignent en cela les auteurs qui reconnaissent que l’efficacité d’un tel vaccin thérapeutique ne sera définitivement prouvée qu’avec un essai randomisé [où le traitement est attribué de manière aléatoire] avec un groupe
contrôle approprié. » Pour l’instant, il faut donc éviter de donner de faux espoirs.

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