OMC : une feuille de route pour l’Afrique

Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Hakim Ben Hammouda a réussi son pari : réunir plus de cent cinquante experts et négociateurs africains de haut niveau autour d’une même table, du 22 au 26 novembre, à Gammarth, « assez loin du centre-ville de Tunis, dit-il avec le sourire, pour leur permettre de se concentrer sur une seule et unique tâche arrêter les grandes lignes d’une stratégie africaine de négociations au sein de l’Organisation mondiale du commerce ».
Hakim Ben Hammouda, 43 ans, sait de quoi il parle : économiste et consultant international, il dirige la division du commerce et de l’intégration régionale de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), basée à Addis-Abeba, en Éthiopie. Mais sa
tâche n’était pas aisée.
Comment définir une plate-forme unique quand les intérêts des uns et des autres divergent ? Certains sont préoccupés par la chute des cours du coton, d’autres par la libéralisation totale du secteur textile. Le commerce est, en effet, le domaine le plus sensible dans la vie d’un État. Les budgets africains sont tributaires des recettes douanières à hauteur de 30,5 % en moyenne. Les pays riches, qui n’en dépendent qu’à hauteur de 0,8 %, veulent que les pays africains ouvrent leurs marchés au commerce mondial. Une partie de plaisir pour eux, qui contrôlent 75 % des ventes de biens et services, contre 2 % pour l’Afrique.
La CEA s’est donc mobilisée pour que les 41 États africains membres de l’OMC, qui représentent 27 % des adhérents, fassent bloc pour que le principe liant commerce et développement, approuvé à Doha, au Qatar, en novembre 2001, ne soit pas renié lors des
négociations en vue de la sixième conférence ministérielle internationale sur le commerce,
à Hong Kong, du 13 au 18 décembre 2005. Pour la CEA, l’Afrique n’est pas démunie : elle peut ouvrir ses frontières si tout le monde en fait de même dans certains domaines, comme les produits agricoles (suppression des subventions) et la libre circulation des
travailleurs, un des points clés de la libéralisation des services. Les pays riches ne peuvent pas exiger des Africains de supprimer les droits de douanes tout en continuant à
protéger leurs propres agriculteurs et industriels (en leur versant des subventions et en
fixant des normes et des quotas prohibitifs à l’entrée des produits africains).
La « feuille de route de Tunis » a permis de baliser le chemin qui conduit à Hong Kong :
aux ministres africains du Commerce, invités à nouveau à se réunir à Tunis (mars-avril 2005), d’emboîter le pas à leurs experts.

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