Non-ingérence

Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Le mal est en nous et, avant de crier au loup impérialiste nous ferions bien de balayer devant notre porte. Ainsi, dans la grave affaire du Congo, nous nous sommes indignés du raid des parachutistes belges sur Stanleyville, de l’appui militaire qu’apportent les Américains à Tshombé et de l’audience accordée par le général de Gaulle au même Tshombé. En fait, aucun de ces actes n’aurait été possible si les Africains n’avaient été divisés, impuissants.
Il y a, encore aujourd’hui, des Africains, dont notamment une dizaine de chefs d’État, qui soutiennent que lutter contre Tshombé et sa politique, c’est intervenir dans les affaires intérieures du Congo, donc aller à l’encontre des règles internationales et de la charte de l’OUA. Rien n’est plus dangereux pour l’unité africaine que cette attitude ; rien n’est plus urgent et plus impérieux que de tenter de persuader ces dirigeants qu’ils ont tort et que leur position porte le plus grave des dommages au Congo et à l’Afrique. Si cet effort de persuasion devait se révéler vain, il ne resterait qu’à faire une autre Organisation de l’unité africaine qui ne regrouperait que ceux qui ont une conception commune de l’avenir de notre continent.
[…] Le jour où aucun Africain, détenteur d’une parcelle de pouvoir, ne soutiendra plus Tshombé, ce dernier sera condamné. L’Amérique lui retirera son appui ainsi que la Belgique. Et alors il sera emporté comme une feuille morte. Que ceux des Africains qui le soutiennent encore mesurent donc leur responsabilité et le mal qu’ils se font à eux-mêmes.
Mais, déjà, l’Afrique se ressaisit. Les adversaires de Tshombé et de sa politique se regroupent et s’organisent. Par le Soudan libéré, par le Tanganyika, l’aide aux insurgés s’achemine, qui contrebalancera les avions américains et les mercenaires sud-africains.
Devant cette situation, en mesurant les mots et avec la certitude d’exprimer ce qu’il y a de meilleur dans l’opinion africaine, nous disons ceci : l’OUA n’a pas été créée pour organiser l’impuissance des Africains ni pour couvrir toutes les compromissions. Rien n’est plus néfaste que l’apparence d’unité, rien de plus dangereux que de sacrifier les principes à la volonté d’unité à tout prix. S’il s’avère qu’il faut sacrifier l’OUA pour mieux défendre l’émancipation de l’Afrique, il ne faut pas hésiter à le faire.

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