Moncef Labidi

Dans le quartier de Belleville, à Paris, ce « sociologue militant » dirige le Café social,un établissement qui s’efforce de venir en aide aux vieux immigrés.

Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

En quittant sa Tunisie natale et en renonçant à son métier d’instituteur, jamais il n’aurait imaginé devenir un jour cafetier. Pourtant, Moncef Labidi (52 ans) se trouve bel et bien aujourd’hui à la tête du Café social, un établissement qui a ouvert ses portes en janvier 2003 dans le quartier de Belleville, à Paris. On y croise des migrants qui, après leur retraite, ont choisi de rester en France, alors que leurs enfants ou leur épouse résident de l’autre côté de la Méditerranée. Ils discutent, jouent aux dames, sirotent un thé à la menthe et, le cas échéant, bénéficient d’un soutien social.

Comment est née l’idée d’un tel lieu ? Arrivé en France en 1977 pour suivre des études de sociologie, Moncef Labidi s’est, dans un premier temps, intéressé à la population carcérale et au sort des jeunes issus de l’immigration. C’est en travaillant pour une association dans le quartier de la Goutte d’Or, ce passage obligé pour tout migrant dans la capitale française, qu’il a été interpellé par « ces grappes humaines qui prennent possession des squares et des bancs publics, passent des heures à guetter une présence
familière, l’arrivée d’un ami ou d’une connaissance, et qui, à la nuit tombée, regagnent leur hôtel ou leur studette ». Il a croisé des « chibani [vieux] déambulant », qui, tels des fantômes, rasaient les murs en quête d’invisibilité. « Ils semblaient s’excuser par avance de se trouver encore là, un peu comme des invités qui n’osent pas avouer qu’ils n’ont pas les moyens de se payer le voyage de retour », poursuit Labidi, directeur de l’association Ayyem Zamen, qui gère le Café social.

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Mettre un terme à l’errance de cette population vulnérable ; sortir ces migrants âgés de la solitude et des imbroglios administratifs : tels sont les objectifs du Café social, lieu laïque qui s’efforce aussi de redonner le goût des loisirs à une population pour qui se distraire est souvent un luxe inaccessible. Le lundi après-midi est réservé au ciné-club, le mardi à la lecture, le jeudi matin au jardinage… L’été dernier, Ayyem Zamen a organisé une sortie en mer. Certains, au terme d’une vie de labeur, ont ainsi mis, pour la première fois, les pieds sur une plage française… Preuve que si le Café social n’existait pas, il faudrait l’inventer.

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