La puce et les gants de boxe

Deux mille cinq cents arrestations après les attentats de Taba.

Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Seuls neuf suspects ont été officiellement mis en cause dans le cadre de l’enquête sur les attaques à la voiture piégée du 7 octobre dans la station touristique de Taba, dans le Sinaï égyptien (trente-quatre morts et plus de cent vingt blessés, pour la plupart israéliens). Cinq ont été arrêtés, deux sont morts dans l’explosion et deux sont en fuite. Tous sont des Bédouins du Sinaï, à l’exception d’un Palestinien chauffeur d’un taxi minibus à El-Arish, dont les restes ont été retrouvés dans les décombres de l’hôtel Hilton. Selon Habib el-Adly, le ministre égyptien de l’Intérieur, le groupe a agi pour venger les civils palestiniens tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza et n’aurait aucun lien avec un quelconque réseau d’al-Qaïda – ce que les Israéliens contestent.
Le 29 novembre, l’affaire prend soudain une autre dimension. Relayant divers groupes égyptiens de défense des droits de l’homme, Amnesty International fait état d’informations selon lesquelles environ deux mille cinq cents personnes auraient été arrêtées au cours de la seconde quinzaine du mois d’octobre, notamment dans les régions d’El-Arish et de Cheikh Zoayyed, dans le nord de la péninsule du Sinaï, et celle de Taba, sur la mer Rouge, puis maintenues au secret dans les locaux du service de renseignements de la Sûreté d’État, au Caire et dans le Sinaï. L’organisation humanitaire se fonde sur les témoignages de plusieurs des trois cent vingt détenus libérés le 12 novembre à l’occasion de la fête de l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du mois de ramadan. Ces derniers auraient dénoncé de nombreux cas de torture et de mauvais traitements.
Qui croire ? A priori, la version égyptienne n’est pas invraisemblable. Il est en effet difficile d’admettre que la traque de deux fugitifs ait nécessité l’arrestation de deux mille cinq cents personnes. Cela reviendrait à tenter de tuer une puce avec des gants de boxe ! D’autant que le Sinaï regorge de caches à peu près indécelables galeries creusées dans les montagnes ou tombes des temps pharaoniques, par exemple. À moins, bien sûr, qu’il ne se soit agi que d’un prétexte pour opérer une rafle de grande ampleur dans les milieux islamistes…

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