Joseph Olenghankoy

Ministre congolais des Transports et des Communications

Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Joseph Olenghankoy est-il mal en point ? Pas si sûr. Certes, le 25 novembre, le président Kabila l’a suspendu de ses fonctions de ministre des Transports et des Communications. Comme cinq de ses collègues du gouvernement de transition, il a été épinglé par une commission parlementaire qui l’accuse de malversations et de mauvaise gestion d’entreprises publiques. Mais le président des Forces novatrices pour l’union et la solidarité (Fonus) en a vu d’autres. Après avoir étudié à l’université de l’Illinois aux États-Unis, il s’est lancé dans le combat politique dès son retour à Kinshasa, en 1987. Ses multiples séjours en prison – sous Mobutu, puis sous Kabila père – l’ont rendu populaire, notamment auprès de la jeunesse congolaise. À 41 ans, il est devenu moins impulsif, plus tactique. Et dispose certainement de plus d’un tour dans son sac.

Jeune Afrique/l’intelligent : La commission de contrôle du Parlement vous accuse d’avoir forcé une entreprise publique à acheter sans appel d’offres tous ses véhicules chez le même concessionnaire. Bref, elle vous soupçonne d’avoir touché une commission de la part de ce dernier…
Joseph Olenghankoy : C’est totalement faux. Il y a eu appel d’offres. D’ailleurs, ce n’est pas moi qui ai choisi ce concessionnaire. Ce sont les dirigeants de cette entreprise, la Régie des voies aériennes (RVA). Il faut savoir que cette société brasse beaucoup de dollars, car elle perçoit toutes les taxes liées au droit de survol de notre territoire. Elle place cet argent sur des comptes bancaires en Europe. Or, quand je suis arrivé au ministère des Transports, je me suis aperçu que RVA servait de pompe à finance pour la présidence et le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) de Joseph Kabila. Certains prélèvements atteignaient 250 000 dollars. J’ai voulu faire le ménage en révoquant deux directeurs de cette société. Ceux-ci ont été réinstallés à leur poste. Aujourd’hui, il n’est donc pas étonnant qu’ils témoignent contre moi. C’est tout simplement un règlement de comptes.

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J.A.I. : La commission parlementaire vous accuse également d’avoir fait voyager certains de vos collaborateurs aux frais des entreprises publiques.
J.O. : Mais c’est la pratique dans tous les ministères congolais. Et depuis toujours ! Ainsi, quand la RVA a envoyé une délégation à Bruxelles pour y acheter des radars, elle m’a demandé par écrit de libérer mon conseiller aéronautique afin qu’il puisse accompagner cette délégation. Rien de plus ! Si c’est un délit, alors tout le gouvernement doit tomber, y compris les quatre vice-présidences et la présidence !

J.A.I. : Craignez-vous une éventuelle action en justice ?
J.O. : Pas du tout, puisque je n’ai rien à me reprocher. Mais je demande avant tout à être entendu par le Parlement réuni en séance plénière. Pourquoi mes accusateurs peuvent-ils s’exprimer partout ? Pourquoi suis-je interdit de parole devant la représentation nationale ? Tout cela est un complot ourdi par le PPRD et les conseillers à la présidence pour essayer de m’éliminer politiquement. Je suis populaire, donc je fais peur. Déjà, il y a six mois, on a tout fait pour m’empêcher d’acheter des autobus au profit de la ville de Kinshasa, de crainte que cela ne me rende plus populaire encore.

J.A.I. : L’an dernier, lors de la répartition des postes de la transition, vous avez fait basculer la composante politique non armée du côté d’un allié du président Kabila, Arthur Zahidi Ngoma. Celui-ci ne vous laisse-t-il pas tomber aujourd’hui ?
J.O. : Écoutez, c’est à lui de régler ce problème avec sa conscience. J’assume mes choix de l’époque, mais je n’exclus pas aujourd’hui de me rapprocher de celui qui, à l’époque, avait été écarté de la vice-présidence, Étienne Tshisekedi. Dans le passé, Tshisekedi et moi avons combattu ensemble Mobutu et Laurent-Désiré Kabila. Aujourd’hui, une plate-forme politique entre l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) de Tshisekedi, le Palu (Parti lumumbiste unifié) d’Antoine Gizenga et mon parti, les Fonus, est possible.

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