Awa Meité
Les créations de cette jeune styliste malienne, résolument modernes, font appel àl’histoire, aux couleurs et aux matériaux d’Afrique.
Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 1 minute.
Awa Meité, 33 ans, est aussi menue et discrète que sa mère, l’ancienne ministre de la Culture du Mali Aminata Traoré, paraît imposante et expansive. Mais toutes deux possèdent un point commun : la volonté de changer le monde. À 18 ans, après une enfance passée au Mali et en Côte d’Ivoire, Awa part étudier la sociologie aux États-Unis. De ses quatre années new-yorkaises, elle garde un souvenir mitigé : « Dans cette ville, tout va trop vite, tout est trop superficiel et l’hiver beaucoup trop froid ! » Pourtant, cette expérience détermine son avenir. « Chaque fois que je disais venir du Mali, on me demandait de parler de Tombouctou… Je n’y étais jamais allée et j’ai pris conscience que je connaissais très mal mon pays », raconte-t-elle. À son retour, Awa entreprend donc de combler cette regrettable lacune : « Je circulais en bus de village en village. Je faisais des étapes prolongées d’environ un mois. » Elle découvre un artisanat local qui, malgré toute sa richesse et sa diversité, reste peu rentable.
Pour aider les artisans à promouvoir leur savoir-faire, la jeune femme décide alors de créer sa propre entreprise. Passionnée de mode, elle dessine des vêtements et des accessoires dont elle confie la réalisation aux artisans des villages où elle a séjourné. Le cuir est travaillé à Mopti, la vannerie dans le village de Mourdia, à la frontière mauritanienne, le tissage à Ségou et dans le pays dogon, les bijoux dans le Nord, près de Tombouctou. Son équipe compte aujourd’hui une cinquantaine de personnes, dont dix à Bamako.
Ses créations, résolument modernes et inspirées de l’histoire, des couleurs et des matériaux d’Afrique (son travail a été récompensé lors du dernier Siao à Ouagadougou) sont vendues à Bamako ainsi qu’en Europe lors des défilés de mode. La jeune femme espère ouvrir une boutique à Paris en 2005.
