Après les barils, les pépites

Le gisement de pétrole offshore à peine mis en exploitation, on annonce l’ouverture de la première mine d’or du pays.

Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Terre de contrastes, la Mauritanie l’est plus que jamais. Alors que le gouvernement éprouve les pires difficultés à faire face à une famine consécutive à l’invasion acridienne, voilà que les perspectives pétrolières et minières s’annoncent prometteuses. Après la confirmation de l’entrée en exploitation du premier gisement pétrolier – permis Chinguetti – en décembre 2005, on annonce aujourd’hui l’ouverture de la première mine d’or à Tasiast.
La compagnie hispano-canadienne Rio Narcea Gold Mines a débuté les travaux de développement. La construction de la mine à ciel ouvert doit démarrer à partir du deuxième trimestre de 2005, et l’entrée en pleine production est prévue au plus tard pour la mi-2006. Des experts estiment même que la première pépite pourrait être extraite plus tôt, vers octobre 2005.
Les réserves totales en minerai du permis d’exploitation, qui couvre 312 km2, sont estimées à 24,5 millions de tonnes, dont environ la moitié est prouvée, avec une teneur en or de 3,6 grammes par tonne, et l’autre moitié est probable, avec une teneur de 2,25 grammes par tonne. En net, cela donnerait, au total, une production d’un peu plus de 2 millions d’onces d’or pour la durée de vie du gisement estimée à huit ans. Les ressources pourraient être plus importantes si l’on en croit les résultats de forages exécutés entre la mi-septembre et octobre.
Les réserves prouvées sont en tout cas largement suffisantes pour que le projet passe au stade de la « faisabilité » et que Rio Narcea décide d’investir dans son développement environ 50 millions de dollars, d’autant que les cours mondiaux du métal jaune atteignent des niveaux records.
Ce sera la première mine d’or à être exploitée en Mauritanie, où plusieurs dizaines de compagnies détiennent des permis de prospection depuis les années 1990. Les premiers indices de la présence du précieux métal sur ce que les géologues appellent la ceinture des « faciès des schistes verts archéens » ont été identifiés par l’Office mauritanien de recherches géologiques (OMRG) au milieu des années 1990, et c’est une compagnie australienne, Normandie La Source Newmont, qui a été la première à s’aventurer dans son exploration. Elle a été ensuite relayée par la canadienne Midas, qui changera de nom pour devenir Defiance, laquelle a été absorbée en septembre par Rio Narcea Gold Mines, active essentiellement en Espagne et au Portugal, où elle produit du nickel et de l’or, et dont les moyens logistiques sont donc plus proches de la Mauritanie pour opérer à Tasiast et dans les huit autres permis d’exploration minière dont elle hérite.
La mise en exploitation de Tasiast est une bonne nouvelle financière pour l’État, dont le budget ne s’élève qu’à 520 millions d’euros pour 2005. Les revenus attendus ne sont pas encore chiffrés, mais on sait que le loyer du gisement s’élève à 3 % de la production aurifère. C’est aussi une bonne nouvelle pour la main-d’oeuvre locale. Au ministère des Mines, on estime que le chantier créera entre 800 et 1 200 emplois.
L’exploitation de Tasiast et l’intensification attendue de l’exploration dans les périmètres qui l’entourent devraient aussi avoir des effets sur les infrastructures. La mine est complètement isolée dans le désert, à quelque 300 km de Nouakchott et à 162 km à vol d’oiseau du port de Nouadhibou. Son exploitation devrait donc permettre d’accélérer l’achèvement de la construction en cours de l’autoroute Nouakchott-Nouadhibou (470 km) dont 35 % sont déjà réalisés et à laquelle la mine pourra être reliée par une route carrossable.

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