Ahmed Lahlimi Alami

Haut-Commissaire marocain au plan (et ancien ministre de l’Économie).

Publié le 13 décembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Avec son air candide, son sourire et son visage avenant, Ahmed Alami (65 ans), qui nous a rendu visite le 7 décembre, est un véritable animal politique. S’il n’occupe plus de fonctions au sein de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) depuis plus de dix ans, il n’en continue pas moins de se considérer comme un militant actif.
Engagé de la première heure à l’Union nationale des étudiants marocains (Unem) et à l’UNFP, l’ancêtre de l’USFP, il a commencé sa vie professionnelle comme chercheur et professeur de géographie économique à la faculté de Rabat, avant de travailler, plus de vingt ans durant, à la Caisse nationale du crédit agricole (CNCA). Une longue période entrecoupée (notamment) par un passage au poste de directeur de cabinet de feu Abderrahim Bouabid, à l’époque ministre d’État de Hassan II.
De 1998 à 2002, Alami est ministre de l’Économie nationale des petites et moyennes entreprises et de l’artisanat. En fait, il est surtout chargé des affaires générales du gouvernement. C’est le bras droit d’Abderrahmane Youssoufi, une « éminence grise », un « vice-Premier ministre », comme l’écrit, à l’époque, la presse. Nommé haut-commissaire au plan par Mohammed VI, en octobre 2003, ce socialiste convaincu est, depuis, très courtisé par nos confrères en raison de son rôle de maître d’oeuvre du dernier recensement, qui s’est achevé fin septembre. Les premiers résultats n’ayant pas encore été communiqués au roi – ils devraient l’être avant la fin de l’année -, Alami ne peut, pour l’heure, que dévoiler les tendances générales de l’évolution démographique et socio-économique du pays.

Première information : le Maroc compte environ 30 millions d’habitants, et le taux de croissance y est de 1,38 % par an. Des chiffres sans surprise qui confirment les projections faites au cours de ces dernières années. « Les campagnes se vident, les grands centres urbains comme Casablanca et Rabat sont saturés et voient leur population stagner. Du coup, les petits centres urbains comme Temara, Mohammedia, Nouasseur ainsi que les régions du Sahara explosent », précise-t-il. Par ailleurs, l’émigration reste considérable : 90 000 Marocains émigrent chaque année.
De nouvelles questions telles que la répartition sociale et géographique des handicapés ou la pratique des langues nationales – dont le berbère (dans ses trois déclinaisons : tarifit, tachelhit et tamazight) – ont également été prises en compte par le recensement 2004, le premier depuis dix ans. En outre, les conditions d’habitat et notamment l’accès aux services de base – eau, électricité, assainissement – ont été recensés, tout comme le nombre d’enfants des rues et autres sans-abri. Mais l’exploitation de l’ensemble de ces données demandera plus d’un an de travail.

la suite après cette publicité

Autre expérience inédite : la publication prochaine d’une « carte de la pauvreté » élaborée en croisant les résultats du recensement et ceux d’une étude sur la consommation des ménages. Pour le haut- commissaire, ces informations sont des outils indispensables pour définir « des politiques ciblées et une bonne répartition des ressources ». Elles jouent également « un rôle dans l’approfondissement du processus démocratique ». Grâce à la carte de la pauvreté, « les électeurs seront plus à même de juger les propositions de leurs candidats, de même que l’action de leurs élus et du gouvernement », conclut-il.
Au-delà de ce grand oeuvre, Alami s’est attaqué à la rénovation du système de production statistique et de collecte informatique, ainsi qu’à l’acquisition d’outils de prospective, de planification stratégique et d’évaluation, jusque-là inexistants. Des termes techniques et plutôt abstraits, mais qui désignent une vision entièrement nouvelle de la planification. Il s’agit bien sûr de définir des objectifs, mais également les réformes à entreprendre pour les atteindre. Différents « scénarios » à l’horizon 2030 seront ainsi élaborés et diffusés en 2006. Ahmed Alami dispose-t-il d’un calendrier précis qui assigne des délais à cette tâche titanesque ? « Le terme ultime, c’est la mort ! » lâche, dans un grand rire, l’ancien ministre.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires