Un royaume de rêve

Comment les bacheliers, ces élites de demain, imaginent-ils leur pays en 2030 ? Une récente enquête du Haut-Commissariat au plan (HCP) le révèle. Au-delà de ses résultats, parfois farfelus ou délirants, il s’agit surtout d’une saisissante radioscopie de l

Publié le 13 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

C’est bien connu : les Marocains aiment leur pays, ils font du nationalisme une seconde religion et ont fâcheusement tendance à succomber au chauvinisme. Mais que reste-t-il de l’attachement à la patrie au temps des pateras, ces embarcations de fortune grâce auxquelles des armées d’émigrés clandestins se lancent, à leurs risques et périls, à l’assaut de l’eldorado européen ? Et qu’en est-il des valeurs nationales à l’heure de la mondialisation, de ses charmes et de ses tentations, de ses leurres et de ses bonheurs ? Le fameux patriotisme marocain est-il devenu vieille lune ?
Des questions de ce genre viennent inévitablement à l’esprit lorsqu’on découvre l’étude, publiée l’été dernier, que le Haut-Commissariat au plan (HCP) a consacrée à la vision que les Marocains ont aujourd’hui de leur avenir. Plus exactement, il s’agissait de découvrir comment les jeunes bacheliers, ces élites de demain, imaginent le royaume et le monde alentour en 2030.
Au vu des résultats, une conclusion s’impose : les jeunes Marocains sont résolument – naïvement ? – optimistes. À les en croire, le Maroc de demain sera un pays de Cocagne, où tous les maux qui entravent aujourd’hui son développement – analphabétisme, habitat insalubre, chômage – auront été éradiqués. La majorité des Marocains auront accès aux nouvelles technologies de l’information et sept sur dix disposeront de l’Internet. Ils seront, dans la même proportion, cadres supérieurs. Dans ces conditions, il est logique – sinon raisonnable – de rêver que, dans vingt-quatre ans, l’ancien empire chérifien sera devenu une grande puissance que seul un tiers de ses enfants aura envie de quitter pour aller vivre ailleurs.
Plutôt que de nous attarder sur les résultats chiffrés de cette étude, qui n’ont, après tout, qu’une valeur indicative, il nous a paru plus judicieux – et ludique – d’imaginer disons physiquement le Maroc de 2030. Pour évoquer cette fiction, Fadwa Miadi s’est livrée à un exercice de style qui n’exclut pas une certaine nostalgie pour le royaume bien réel et familier que nous connaissons aujourd’hui.
Comme l’étude prospective du HCP révèle un excès d’optimisme qui confine parfois au délire, Fouad Laroui a jugé utile de mettre les pendules à l’heure et de rappeler à quelles conditions concrètes et réelles, les Marocains, jeunes et moins jeunes, pourront bâtir un pays moderne.

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