Égypte : l’armée 2.0 d’Abdel Fattah al-Sissi
Depuis son avènement en 2013, le président égyptien a mis en place un réseau efficace chargé de surveiller internet et de répandre la bonne parole du régime.
Depuis la reprise en main du pays par les militaires en 2013, le président Abdel Fattah al-Sissi martèle qu’il empêchera à tout prix une réédition des événements de 2011, qui ont conduit à la chute de Hosni Moubarak. Dans cette perspective, le président égyptien a bien compris le rôle joué par internet et a annoncé, peu après avoir pris les rennes du pays, la création « d’unités militaires » pour contrôler les médias sociaux, qu’il perçoit comme les grands agents déstabilisateurs du XXIe siècle. Mais les contours de ces bataillons électroniques restent vagues, jusqu’à des fuites dans la presse en 2016.
C’est une querelle interne, au sein du « conseil des directeurs des comités électroniques pro-Sissi », qui pousse l’un de ses membres à en dévoiler, sur le réseau social Facebook, les rouages et les membres, raconte le site d’information Sasapost, interdit d’accès en Égypte. Ces comités rassemblent des personnalités, rédacteurs en chef et universitaires chargés d’abreuver les réseaux sociaux de messages célébrant les autorités militaires et d’accuser les Frères musulmans – chassés du pouvoir en 2013 – de tous les maux du pays.
À l’époque, le responsable de ces groupes, Ibrahim el-Jarhi, est un ancien révolutionnaire de 2011 qui a pris le parti de l’armée et convaincu des intellectuels pro et anti-Moubarak de le rejoindre. Une fois dans les cercles du pouvoir, l’éphémère défenseur des libertés se brouille avec ses néo-soldats du web en leurs interdisant d’éventer leurs débats internes, raconte de son côté le site panarabe Al Araby.
Propagande, surveillance et répression s’entremêlent alors déjà dans certains comités, chargés aussi de « dresser des rapports » sur des pages Facebook critiques pour préparer des arrestations, assure encore le site Sasapost.
« Comités électroniques »
Quatre ans plus tard, cet étalage des cuisines et dissensions internes du régime semble inimaginable. Le pouvoir s’est resserré autour de la famille Sissi et de quelques fidèles lieutenants. Les organes sécuritaires ont été discrètement purgés pendant que les derniers contre-pouvoirs institutionnels ont été bruyamment détruits dans une réforme constitutionnelle en 2018.
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