Tiébilé Dramé

Chef de la mission des observateurs de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)

Publié le 13 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Peut-on dire que le second tour s’est mieux déroulé que le premier ?
Tiébilé Dramé : Oui, la Commission électorale indépendante (CEI) a tiré les enseignements des insuffisances et dysfonctionnements relevés lors du premier tour, en juillet dernier. Il est incontestable que le scrutin du 29 octobre s’est déroulé dans de meilleures conditions, tant au niveau de son déroulement que sur les irrégularités constatées. Quant à la compilation des résultats, des dispositions ont été prises en accord avec les deux candidats pour éviter les cafouillages constatés en août.
On remarque une baisse de la participation par rapport au premier tour. Comment expliquez-vous cet essoufflement ?
Les Congolais ont voté pour le référendum constitutionnel en décembre 2005, puis pour la présidentielle et les législatives, le 30 juillet, et viennent une nouvelle fois de se rendre aux urnes. Là se trouve peut-être, sans oublier la pluie qui s’est abattue sur Kinshasa et dans le Bas-Congo le jour du scrutin, l’explication de cette baisse de la participation. Mais au-delà de celle-ci, il faut retenir que les Congolais ont perçu que quelque chose de décisif se jouait et qu’il était important de prendre part à l’histoire de leur pays.
Plus de 1 000 observateurs internationaux, présents le jour du scrutin, ont parlé d’une seule voix. Pourquoi cette démarche ?
La forte mobilisation autour du Congo s’est en effet exprimée en matière électorale sous la forme d’une mutualisation des moyens favorisée par les Nations unies à travers le Projet d’appui à la coordination des observateurs (Paco). Au plan politique, c’est l’OIF qui a pris cette initiative afin que nous puissions parler d’une seule voix. Cette démarche a permis de contribuer à la transparence et à la crédibilisation du scrutin. Au final, pour la première fois, je pense que l’observation internationale des élections a connu des avancées notoires.
Quel doit être le rôle de la communauté internationale dans l’après-scrutin ?
Les Congolais ne doivent pas oublier que le monde entier s’est mobilisé pour que leur pays sorte de la guerre. Ils doivent tout faire pour accompagner ces efforts. Voilà, d’abord, leur responsabilité. Mais, bien entendu, la communauté internationale ne doit pas abandonner la RDC. On ne peut pas s’engager durant tant d’années et tourner le dos, une fois le scrutin passé. Il faut stabiliser les acquis de la transition et du processus électoral afin de fonder une véritable démocratie et reconstruire ce pays. Sinon, ce serait un immense gâchis. La Monuc [Mission des Nations unies au Congo] doit donc rester sur une longue période en accord avec les futures autorités. Ces élections ne sont qu’un point de départ, dont la note finale pourrait être une leçon pour les autres pays africains.
Reste à savoir si on peut faire confiance aux dirigeants congolais ?
Bien sûr qu’on peut leur faire confiance. Ils se sont fait la guerre, se sont ensuite assis autour de la table des négociations. Après tout, ils se sont engagés sur un processus de transition avant d’aller aux élections. Mieux que quiconque ils perçoivent que leur peuple est fatigué de la guerre.

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