Sale guerre !

Tsahal a-t-elle utilisé des armes secrètes durant son offensive au pays du Cèdre ? Certains indices le laissent à penser.

Publié le 13 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Robert Fisk, du quotidien londonien The Independent, s’est livré à une enquête serrée pour faire la lumière sur les rumeurs d’utilisation d’armes secrètes, dont peut-être certaines à composante d’uranium, par l’armée israélienne au cours des trente-quatre jours de bombardements et d’opérations terrestres au Liban entre le 12 juillet et le 14 août, date d’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Les médecins ont effectivement relevé parmi les innombrables blessés et les 1 300 morts des cas troublants de blessures inexplicables : visages et corps noircis, comme calcinés, amputations, nécroses des chairs.
Selon Fisk, le recours à des bombes « briseurs de bunkers » d’une tonne ou à des projectiles à fragmentations, dont le Liban a été littéralement arrosé durant les soixante-douze heures ayant précédé l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, sont des faits parfaitement établis. Les engins dits à sous-munitions continuent d’ailleurs à faire des victimes. Nous savons également, nous dit Fisk, qu’après en avoir nié l’usage, les Israéliens ont bien eu recours à des bombes au phosphore blanc, déjà utilisées au Liban en 1982 et, surtout, en Irak par les États-Unis, notamment lors du siège de Fallouja, en mars 2004. Des armes interdites par le troisième protocole additionnel de la Convention de Genève, que ni les États-Unis ni Israël n’ont ratifié.
Différents laboratoires européens ont depuis confirmé de fortes concentrations d’isotopes radioactifs dans les échantillons prélevés sur certains sites. Première hypothèse : l’expérimentation d’armes nouvelles basées sur l’effet pyrophorique, le violent dégagement thermique qui accompagne l’oxydation brutale de l’uranium à l’impact du projectile. Deuxième possibilité : le remplacement de l’uranium appauvri dans les bombes antibunker par de l’uranium enrichi.
L’uranium appauvri est communément utilisé dans les armes antichar en raison de sa densité très élevée. Malgré sa faible radioactivité, il constitue un danger mortel sur le long terme par la diffusion dans l’environnement de micropoussières d’un métal ultralourd. Lesquelles continuent d’irradier longtemps après la fin des combats, contaminant en particulier la chaîne alimentaire. Après son utilisation intensive en Irak en 1991 et dans l’ex-Yougoslavie en 1999, le Conseil de l’Europe en avait pourtant demandé l’interdiction. En vain.
Interrogé par The Independent, Mark Regev, porte-parole du ministre israélien des Affaires étrangères, a déclaré que seules des armes conformes aux règles internationales avaient été utilisées au Liban ! Reste, pour Robert Fisk, que la Convention de Genève est à présent très en retard par rapport aux dernières inventions en matière de létalité renforcée. Quant aux conséquences à long terme, elles sont particulièrement visibles dans le sud de l’Irak, où la dissémination d’uranium sous forme de microparticules serait responsable d’une multiplication épidémique de cancers dans cette zone à partir de 1995.
Dûment averties des effets pervers de ces armes, les autorités militaires américaines et britanniques minimisent aujourd’hui les risques réels ou potentiels tant les avantages de telles armes l’emportent à leurs yeux sur toute autre considération.

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