Maroc-Israël : le premier vol en provenance de Tel-Aviv atterrit à Rabat

Dix jours après la reconnaissance par le président Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara, une délégation américano-israélienne menée par son conseiller spécial Jared Kushner est arrivée au royaume à bord d’un avion de la compagnie El Al.

La délégation américano-israélienne conduite par le conseiller du président Donald Trump, Jared Kushner, et le conseiller à la sécurité nationale d’Israël, Meier Ben Shabbat, à son arrivée  à l’aéroport de Rabat-Salé ce 22 décembre.  © MAP

La délégation américano-israélienne conduite par le conseiller du président Donald Trump, Jared Kushner, et le conseiller à la sécurité nationale d’Israël, Meier Ben Shabbat, à son arrivée  à l’aéroport de Rabat-Salé ce 22 décembre.  © MAP

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Publié le 22 décembre 2020 Lecture : 5 minutes.

Le vol LY555 a décollé à 9h30 de l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv et a atterri à Rabat un peu avant 15 heures. À son bord, de hauts responsables américains et israéliens, menés par le conseiller spécial et gendre du président Trump, Jared Kushner. Une visite qui intervient un peu plus de dix jours après la proclamation présidentielle américaine reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara, et la décision de Mohammed VI de rétablir des relations diplomatiques avec Israël.

Ce premier vol commercial et officiel entre les deux pays est chargé de symboles. Arborant les drapeaux marocain, israélien et américain, le vol a reçu le numéro LY555. Un choix qui n’est pas anodin, le chiffre 5 (hamsa en hébreu, khamsa en arabe) permettant, selon les croyances traditionnelles au Maroc comme au sein de la diaspora juive marocaine vivant en Israël, de se protéger du mauvais œil, le plus souvent par le biais d’une Khmissa (les cinq doigts de la main), comme celle qui orne l’avion qui a transporté la délégation israélo-américaine.

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Le lieu de l’arrivée est également hautement symbolique. Ce n’est pas à l’aéroport Mohammed V de Casablanca, capitale économique du royaume, que la délégation israélo-américaine a atterri, mais à Rabat. Ce qui donne au voyage un caractère (très) officiel, confirmant la reprise des relations diplomatiques et des liaisons aériennes directes annoncée le 10 décembre par le président Trump et le communiqué du cabinet royal.

Le choix de Rabat relève aussi de considérations pratiques. Le programme de la visite se déroulant dans la capitale, entre le mausolée Mohammed V, le Palais royal, la primature et le ministère des Affaires étrangères, tous situés dans la capitale administrative.

Un jour très spécial

Composée de plusieurs hauts responsables américains et israéliens, la délégation est conduite par Jared Kushner, architecte de ce rapprochement entre Tel-Aviv et Rabat. Ce dernier est accompagné, côté américain, par le patron de l’US International Economic Development Corporation (IEDC) et, côté israélien, par Meir Ben Shabbat, conseiller à la sécurité nationale d’Israël et chef d’état-major pour la sécurité nationale, ainsi que par Haim Regev, chef d’état-major adjoint.

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À son arrivée à l’aéroport de Rabat, la délégation a été accueillie par des officiels locaux, dont Mohamed Yacoubi, le wali de Rabat-Salé-Kénitra, et le président de la région Rabat-Salé-Kénitra, Abdelsamad Sekkal.

Les images reprises en direct par les chaînes télévisées marocaines et israéliennes sont historiques et resteront dans les annales

Si les poignées de mains n’étaient pas au rendez-vous, Covid oblige, les images reprises en direct par les chaînes télévisées marocaines et israéliennes sont historiques et resteront dans les annales. On y voit notamment Meir Ben Shabbat, tout sourires à l’occasion de cet évènement qui, selon ses propres mots, revêt une grande valeur.

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Dans un entretien accordé au journal marocain arabophone Al Ahdat Al Maghribiya, le conseiller à la sécurité nationale d’Israël et chef d’état-major, dont les parents sont d’origine marocaine, a souligné que ce voyage constituait pour lui un évènement très spécial. Au-delà de sa dimension diplomatique, il revêt aussi une valeur sentimentale car son père, le grand rabbin Makhlouf Khalifa, sa mère, Aziza, ainsi que ses frères aînés sont nés au Maroc. Cette spécificité, souligne-t-il, lui a permis de grandir avec les histoires de cette famille qui a vécu dans le royaume dans la paix, la prospérité et le bonheur et qui n’a jamais cessé de glorifier son pays d’origine. Comme le million (ou presque) d’Israéliens d’origine marocaine vivant en Israël qui, malgré la distance et les vicissitudes diplomatiques et politiques, ont gardé des liens très forts avec leur pays d’origine.

Avant même la réactivation des canaux diplomatiques, actuellement à l’ordre du jour, plus de 70 000 Marocains de la diaspora juive visitaient le royaume tous les ans. L’ouverture de vols directs fera passer ce nombre à au moins 200 000 touristes, selon la ministre marocaine du Tourisme et du Transport aérien, Nadia Fettah.

Des annonces diplomatiques et économiques attendues

Selon le programme convenu, la délégation restera au Maroc une journée et retournera en Israël mercredi midi au plus tard. Si le programme officiel de la visite n’est pas encore communiqué, plusieurs sources médiatiques israéliennes et marocaines évoquent d’abord une visite au mausolée Mohammed V, où sont enterrés les rois Mohammed V et Hassan II. Deux rois qui comptent beaucoup dans l’imaginaire judéo-marocain : le premier a été celui qui a protégé la communauté juive marocaine contre le régime français de Vichy lors de Seconde Guerre mondiale. Le second, lui, a été tout au long de son règne l’intermédiaire de la paix entre Israéliens et Palestiniens.

La délégation se recueillera ainsi sur la tombe du père et du grand-père de roi Mohammed VI, avant d’être accueillie par le souverain

La délégation se recueillera ainsi sur la tombe du père et du grand-père du roi Mohammed VI, avant d’être reçue par le souverain au Palais royal de Rabat où un dîner sera offert en son honneur. Une information relatée par une dépêche de Reuters, citant le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

La délégation a prévu également une série de réunions officielles avec des responsables marocains, dont une rencontre entre Meir Ben Shabbat et le chef du gouvernement islamiste, Saadeddine El Othmani, qui devrait se tenir selon nos sources au siège de la primature, attenant au Palais royal.

Au-delà de la symbolique de ce premier vol commercial entre Tel-Aviv et Rabat, et de la réception officielle de hauts responsables israéliens par les plus hautes autorités du royaume, cette visite sera l’occasion de signer plusieurs partenariats et accords dans les domaines diplomatique, politique, sécuritaire et surtout économique.

Une annonce officielle de la réouverture de canaux diplomatiques entre les deux pays – les bureaux de liaisons sont fermés depuis 2002 –, sera notamment à l’ordre du jour, selon nos sources.

Cette visite « historique », comme la qualifie Jared Kushner, vient ainsi consacrer de manière officielle les annonces faites le 10 décembre dernier par le président américain Donald Trump et le cabinet royal sur la réactivation des liens diplomatiques entre le Maroc et Israël.

Elle sera aussi l’occasion pour les États-Unis de confirmer de manière solennelle leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. L’essentiel des annonces économiques, côté américain, porteront, selon les premiers éléments dont nous disposons, sur des investissements qui seront réalisés dans les provinces du Sud. Des investissements qui seront chapeautés par le futur consulat américain qui ouvrira à Dakhla…

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