[Édito] Sahara : Mohammed VI ou l’art du deal
En liant la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental par Donald Trump à la normalisation des liens du royaume avec Israël, Mohammed VI se prémunit contre toute annulation de cette décision par Joe Biden.
![Le roi Mohammed VI lors du discours du 45e anniversaire de la Marche Verte, le 7 novembre 2020. © MAP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2020/12/21/jad20201221-tribune-saraha-occidental-2.jpg)
Le roi Mohammed VI lors du discours du 45e anniversaire de la Marche Verte, le 7 novembre 2020. © MAP
![FRANCOIS-SOUDAN_2024](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=80,height=80,fit=crop/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2024/03/12/francois-soudan_2024.jpg)
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 21 décembre 2020 Lecture : 4 minutes.
À chacun ses intérêts – et ses priorités. De la double annonce choc du 10 décembre dernier, publiée dans une courte rafale de tweets par le président américain Donald Trump et aussitôt confirmée à Rabat, les Marocains auront retenu ce qui, pour eux, est l’essentiel : la première reconnaissance officielle de la marocanité de leurs provinces sahariennes du Sud par un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU – en l’occurrence, le plus puissant d’entre eux.
Quarante-cinq ans après la « reconquista » de ce que le royaume considère comme sa profondeur historique et alors que trois décennies de processus onusien ne sont pas parvenues à sortir ce dossier de l’impasse, l’affaire du Sahara ex-espagnol vient apparemment de subir un trauma salutaire sur la scène internationale : l’entrée dans une logique de solution.
La France suivra-t-elle l’exemple américain ? Parmi les quatre autres membres du Conseil, elle est celle qui a la position la plus proche, suivie par la Grande-Bretagne, d’une recognition pleine et entière, puisqu’elle considère depuis longtemps le plan d’autonomie marocain comme « une base de discussions sérieuse et crédible ».
Mais le pas supplémentaire qui permettrait à des ministres français de se rendre officiellement au Sahara marocain et à l’ambassade de France d’ouvrir un consulat à Laâyoune ou à Dakhla se heurte toujours à un obstacle de taille : Paris sait qu’une telle décision serait considérée par Alger comme un casus belli diplomatique. Plus que jamais partie au conflit – malgré ses dénégations – dans ce dossier, le gouvernement algérien a sur la France des moyens de pression efficaces, alors qu’il n’en possède pas, ou peu, vis-à-vis des États-Unis.
Diplomatie habile
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