Lafarge et Holcim cimentent leur union
Le mariage entre le groupe suisse Holcim et le français Lafarge, annoncé ce lundi 7 avril, donnera naissance au numéro un mondial du ciment.
Evoquée depuis le vendredi 4 avril, la fusion entre le français Lafarge et le suisse Holcim, a officiellement été annoncée ce lundi 7 avril. Si l’opération aboutit, le futur groupe deviendra le numéro un mondial des matériaux de construction, et en particulier du ciment. Ce nouveau titan européen pèsera quelques 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, avec une capitalisation boursière d’environ 40 milliards d’euros. À eux deux, Holcim et Lafarge comptent 135 000 salariés.
Dans un communiqué conjoint, les deux entreprises indiquent que l’opération prendra la forme d’une offre d’échange publique initiée par Holcim, avec une parité d’échange d’une action Holcim pour une action Lafarge. Pendant le week-end du 5-6 avril, les dirigeants de Lafarge ont convaincu leurs grands actionnaires. Parmi eux, NNS, la holding du milliardaire égyptien Nassef Sawiris, qui détient 13% du capital de Lafarge, suite au rachat par ce dernier des cimenteries de son groupe Orascom en Egypte et en Algérie.
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Un mariage qui fait sens
Dans la plupart des régions, ce mariage fait sens, avec une présence complémentaire. C’est notamment le cas en Afrique subsaharienne. Lafarge, qui y est très présent, y a réalisé 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2013, soit 12% de ses ventes. Le Français dispose de 12 cimenteries et de 5 broyeurs dans 10 pays subsahariens (notamment au Nigeria et au Kenya), pour une capacité de production actuelle de 16,8 millions de tonnes de ciment. Il prévoyait, lors de la présentation de ses résultats 2013, d’augmenter sa capacité au sud du Sahara de 10 millions de tonnes complémentaires d’ici 2017, avec des projets au Nigeria, en Tanzanie et en Zambie.
L’opération devrait permettre de dégager autour de 1,4 milliard d’euros d’économies d’échelles en trois ans.
« Au contraire, Holcim s’est plutôt désengagé de cette zone ces dernières années, avec la revente de ses actifs en Afrique australe au sud-africain AfriSam, dont il conserve 8% du capital, même s’il détient toujours des petites cimenteries, à Madagascar et en Guinée », note Michel Folliet, le directeur du département « matériaux de construction » à la Société financière internationale (SFI).
En Amérique du Sud, la situation est inverse : Holcim est bien installé, alors que Lafarge n’y est guère présent. Et en Asie, les implantations des deux groupes européens apparaissent également complémentaires et non pas concurrentielles.
En Europe et en Amérique du nord, la validation de la fusion par les autorités de la concurrence devrait s’avérer toutefois plus difficile. En France, au Canada, aux Etats-Unis, elles pourrait exiger des cessions d’actifs si le nouveau géant se trouve dans une situation dominante. Certains analystes estiment que cela pourrait être aussi le cas au Maroc, où les deux groupes sont bien implantés.
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1,4 milliard d’euros d’économies d’échelles
L’opération permettra, selon la direction du groupe, de dégager autour de 1,4 milliard d’euros d’économies d’échelles en trois ans, et de joindre les forces des deux groupes en matière de recherche et développement.
Prenant les investisseurs par surprise, l’annonce de l’opération a été saluée en bourse. Vendredi 4 avril, après que l’agence Bloomberg a évoqué cette possible union, le cours de Lafarge prenait 9% sur la place de Paris, quand celui d’Holcim grimpait de 7% à Zurich.
Le futur groupe aura son siège social en Suisse avec deux sièges opérationnels, l’un en France, l’autre en Suisse. Bruno Lafont, PDG de Lafarge prendra la direction opérationnelle du groupe (CEO) tandis que son homologue d’Holcim, Wolfgang Reitzle, en deviendra le président (chairman).
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