Tunisie – Rached Ghannouchi : « Nous sommes passés d’une dictature paralysante à une anarchie »
Le leader du mouvement Ennahdha impute la crise actuelle à une conjoncture économique difficile, mais aussi à une transition démocratique toujours en cours.
La première année de mandat du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) n’a pas été placée sous de bons auspices. Cofondateur et leader du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, 79 ans, a affronté une fronde interne au sein de son parti et une crise politique majeure doublée d’une crise sanitaire sévère. Une situation aussi difficile qu’inédite en Tunisie, que le patron du perchoir impute essentiellement à une conjoncture économique difficile, mais aussi à une transition démocratique toujours en cours. Il revient pour Jeune Afrique sur les fractures actuelles et les éléments à revoir pour améliorer le système politique et économique.
Jeune Afrique : Où en est le Parlement ? Englué dans les querelles partisanes, il ne semble pas très actif en matière législative…
Rached Ghannouchi : Détrompez-vous, le rendement de l’hémicycle, comparé à l’année parlementaire précédente, est tout à fait dans les normes et même très honorable au vu des conditions dans lesquelles les députés ont travaillé. L’Assemblée est la seule institution qui travaille sous le regard des caméras et dont l’activité est retraçable. Nous avons adopté plus de lois et effectué plus d’auditions, mais tous ont en mémoire les différents ralentissements dus aux sit-in. Bien entendu, le droit de manifester et d’exprimer des revendications est inaliénable mais des élus n’ont pas le droit de paralyser le Parlement tout comme des protestataires ne peuvent fermer les routes ou bloquer l’activité d’une institution. La liberté de chacun ne doit pas s’exercer au détriment de celle des autres.
Bien s’informer, mieux décider
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