De la manufacture à la high-tech
Présenté comme « l’usine du monde », l’empire du Milieu est aussi devenu une puissance scientifique de premier plan.
Publié le 13 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.
A force de présenter la Chine comme « l’usine du monde », le pays où l’on fabrique à des prix records et en très grande quantité des produits industriels de grande consommation pour l’exportation, on a fini par s’habituer à une image déformée et simpliste de son processus de développement accéléré. Car si son économie a effectivement pris son envol ainsi, cela fait bien longtemps que l’empire du Milieu ne se contente plus de fonder sa croissance sur un tel modèle, dont les bas salaires constitueraient le moteur principal sinon unique. Comme divers classements et études le montrent aujourd’hui, la Chine, qui ne participe pas pour rien à la conquête de l’espace, peut déjà rivaliser avec les grandes puissances de la planète sur le terrain noble de la science et de la technologie.
L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, basée à Genève et dépendant de l’ONU, vient ainsi de révéler que la Chine fait désormais partie du groupe des cinq pays déposant le plus de brevets sur la planète, loin derrière les deux leaders, le Japon et les États-Unis, mais – et c’est une première ! – devant l’Allemagne, une référence en la matière. Certes, la moitié environ des dépôts de brevets en Chine sont le fait de sociétés étrangères, qui entendent protéger leurs inventions ou leur savoir-faire face à la contrefaçon dont beaucoup de Chinois se sont fait une spécialité. Mais cela ne fait que nuancer l’impressionnante entrée de Pékin dans le club international des grands innovateurs.
Une autre étude vient confirmer indirectement cette performance. Pour la première fois, en effet, les firmes chinoises apparaissent dans le classement établi par l’OCDE des 250 plus grandes sociétés technologiques dans le monde en 2005. Or elles étaient totalement absentes de ce palmarès lors de sa dernière publication, en 2000. Mieux : ce rapport fait apparaître que la Chine est devenue le premier exportateur mondial de produits technologiques. Là encore, ce résultat est dû en bonne partie aux implantations étrangères. Mais le marché intérieur est de plus en plus dynamique : les Chinois sont déjà en sixième position parmi les plus grands acheteurs de produits et services de haute technologie, et ils devraient rejoindre le trio de tête – derrière les Américains et les Japonais – dès 2010.
Ce même rapport invalide aussi l’idée reçue selon laquelle, parmi les grands pays émergents d’Asie, la Chine serait surtout devenue un géant dans le secteur industriel alors que d’autres, en particulier l’Inde, resteraient les leaders dans le domaine de la technologie. Certes, les performances de l’Inde, dont la croissance économique est désormais voisine chaque année de celle de la Chine, sont impressionnantes, particulièrement en matière d’informatique. Mais Pékin, après avoir mené une politique volontariste, a fait mieux que rattraper son retard. Selon l’OCDE, le marché chinois de la technologie serait déjà deux fois et demie plus important que celui de son homologue indien. Premier marché mondial pour les téléphones mobiles, deuxième pour les ordinateurs, la Chine compte déjà 110 millions d’internautes, deux fois plus que chez son voisin de l’Asie du Sud.
