Antisémite ?

Publié le 13 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Il y a cette actualité écurante et tragique. Le bombardement, le 8 novembre, d’un quartier de Beit Hanoun, petite ville au nord de la bande de Gaza. Bilan : dix-huit morts, tous des civils, dont de nombreuses femmes et des enfants. Il y a eu, « au préalable », le siège de la même ville, coupable d’abriter des militants du Hamas et leurs fusées artisanales. Opération « punitive » donc, avec une cinquantaine de victimes palestiniennes. Il y a eu la décision, quelques jours auparavant, de faire entrer au gouvernement l’extrême droite raciste et de nommer son leader, Avigdor Lieberman, vice-Premier ministre. Il y a les avions de chasse qui survolent le Liban, au mépris des résolutions des Nations unies, provoquent les forces de la Finul, terrorisent les habitants.

Il y a eu cette guerre du Liban, justement, cruelle et inutile, qui a mis le pays du Cèdre à genoux. Qui aura coûté la vie à plus d’un millier d’innocents. Et qui aura fait de Hassan Nasrallah l’idole des foules. Il y a ce mur de « sécurité » qui coupe les communautés, dépossède les Palestiniens de leur espace et de leur avenir. Et enferme les Israéliens dans leur propre pays. Il y a ce Premier ministre, Ehoud Olmert, un centriste nous a-t-on dit, qui s’enfonce dans une logique désespérante de l’échec et de la violence. Il y a ces travaillistes qui trahissent leurs idéaux pour une place à la table du pouvoir. Il y a une démocratie minée par l’influence des militaires, des services et des agents…
Quand j’écris cela, je passe, au mieux, pour un Arabe de base (partial et borné). Au pire, pour un antisémite.
Pourquoi borné ? Pourquoi antisémite ? Est-il impossible de critiquer un État, Israël, sa politique, son pouvoir, son armée, sa police ? Son gouvernement n’est-il pas responsable de ses actes, au moins devant l’opinion publique mondiale ? En Israël, l’opposition de gauche n’est pas antisémite à ce que je sache et, pourtant, ce qu’elle dit n’est pas si loin de ce que je dis.
Pourquoi serait-ce scandaleux, injurieux, de rappeler que les Palestiniens vivent sous occupation militaire depuis près d’un demi-siècle ? De rappeler que c’est un peuple condamné au désespoir ? Pourquoi faut-il systématiquement nous parler de la nullité du leadership arabe ou palestinien, ou des terroristes, ou des Iraniens, ou des Nord-Coréens, à chaque fois que l’on pose la question de la responsabilité d’Israël ?

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Je crois que chaque peuple a une place sur cette terre. Et c’est de ce point de vue que je m’adresse à mes amis israéliens et à mes amis juifs. Israël a le droit d’exister et de se défendre. Mais a-t-il le droit de mener une guerre quasi coloniale contre les Palestiniens ? L’État d’Israël se trompe lourdement, moralement et stratégiquement en croyant résoudre le problème du nationalisme palestinien par la force. Vous et nous avons le droit d’interpeller une politique qui ne mène nulle part. Le seul chemin est celui de la paix des braves, de la paix des égaux. Et donc des renoncements partagés.

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