Kamerhe, IBK, Tigré, Sahara… Les 10 évènements qui ont marqué 2020

Pandémie, élections tendues, conflits et surprises diplomatiques… Retour sur les dix moments clés de l’année qui s’achève.

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Publié le 31 décembre 2020 Lecture : 6 minutes.

· Covid-19 : la tragédie évitée ?
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Est-ce dû au climat, aux vaccinations, ou à la jeunesse de sa population ? Alors que le continent retenait son souffle à l’amorce de la pandémie, il a été touché plus tard et de manière beaucoup moins forte que d’autres régions du monde.

L’impact du Covid-19 sur les situations sanitaires, économiques et sociales des pays africains a toutefois été profond. Suite à un ralentissement du nombre de contaminations après les mois de juillet et d’août, l’Afrique se prépare désormais à faire face à une « deuxième vague ».

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Si le Maghreb est la région la plus lourdement touchée par ce pic de contaminations, plusieurs pays ont déjà annoncé le durcissement de certaines mesures de santé publique.

· RDC : Kamerhe, dir’cab’ emprisonné

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Accusé d’avoir détourné près de 50 millions de dollars destinés à la construction de maisons préfabriquées dans le cadre du programme des « 100 jours », Vital Kamerhe a été condamné à 20 ans de prison pour corruption et détournement de fonds le 20 juin.

Cette peine a provoqué une onde de choc au sein de la coalition présidentielle Cap pour le changement (Cach) de Félix Tshisekedi. Alors directeur de cabinet du président, le chef de l’Union pour la nation congolaise (UNC) était l’allié principal du président Tshisekedi au sein de cette alliance. Sa mise à l’écart a constitué une étape de plus dans l’escalade des tensions qui minaient la coalition FCC-Cach, mariage de raison entre l’ancien président Joseph Kabila et son successeur.

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Après des mois de crise politique et de blocages institutionnels, Félix Tshisekedi a décidé le 6 décembre de mettre fin à cette alliance et de chercher à construire une nouvelle majorité, pour reprendre en main l’exécutif.

· Rwanda : fin de cavale pour Félicien Kabuga

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Après 23 ans de cavale, le « financier » du génocide des Tutsi au Rwanda a été arrêté le 16 mai 2020 dans son appartement de banlieue parisienne.

Cette fin de cavale vient conclure une longue traque à travers le monde, entravée par les multiples soutiens dont bénéficiait Félicien Kabuga, qui aurait séjourné en Europe depuis 2007, selon le Mécanisme chargé d’assurer les fonctions résiduelles du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Accusé de sept chefs d’accusation, dont « génocide » et « crimes contre l’humanité », il a par la suite été transféré à La Haye, aux Pays Bas, avant un éventuel transfert à Arusha, en Tanzanie, où il pourrait être jugé.

· Burundi : décès de Pierre Nkurunziza

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Il s’apprêtait à céder le pouvoir, après avoir dirigé les pays pendant 15 ans. Pierre Nkurunziza est décédé le 8 juin, alors qu’il était encore président en exercice et devait passer le flambeau à son successeur, Évariste Ndayishimiye, vainqueur de l’élection présidentielle du 20 mai.

Le dernier mandat du président burundais aura été marqué par la crise postélectorale de 2015 et la répression massive de la contestation à son troisième mandat, qui a fait 1 200 morts dans le pays.

Isolé sur la scène internationale, confronté à des tensions internes au sein du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, il avait annoncé à la surprise générale qu’il ne serait pas candidat en 2020. Il avait toutefois pris le soin de se ménager une retraite dorée (villa de luxe et allocation annuelle de 500 000 euros), dont il n’aura pas pu profiter.

· Côte d’Ivoire : le décès d’Amadou Gon Coulibaly

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Il était l’un des fidèles d’Alassane Ouattara. Amadou Gon Coulibaly, ancien homme de confiance du président ivoirien, nommé Premier ministre par ce dernier en 2017, est mort le 8 juillet des suites de problèmes cardiaques.

Son décès soudain, à moins de quatre mois du scrutin présidentiel du 31 octobre, avait ébranlé le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dont il était le candidat officiel.

Alassane Ouattara avait alors décidé de présenter sa candidature à un troisième mandat. Le président sortant a été réélu dès le premier tour avec près de 95 % des suffrages, au terme d’un processus électoral marqué par des violences et le boycott de l’opposition.

Le 14 décembre, Alassane Ouattara a prêté serment sur la Constitution et invité ses adversaires au dialogue.

· Mali : la chute d’IBK

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Après de longs mois de contestation populaire contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), une poignée de militaires lancent une mutinerie depuis le camp militaire de Kati, près de Bamako. Quelques heures plus tard, dans la nuit du 18 août, le président est poussé à la démission.

Le coup d’État du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) est aussitôt condamné par la communauté internationale, Cedeao en tête, qui place le pays sous embargo.

La mise en place d’un gouvernement de transition permettra toutefois d’apaiser les tensions. L’influence de l’armée sur la transition, et en particulier sur le Conseil national de transition (CNT), chargé d’organiser les élections, suscite néanmoins inquiétudes et frustrations au sein de la classe politique et de la société civile malienne.

· Algérie : Tebboune, président malade

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La maladie du président algérien, âgé de 75 ans, a alimenté les plus folles rumeurs dans le pays. Après de longues semaines lors desquelles le mystère est resté entier, le gouvernement a finalement reconnu qu’Abdelmadjid Tebboune avait contracté le coronavirus.

Si le chef de l’État a publiquement tenté de rassurer sur son état de santé après avoir été admis dans un hôpital en Allemagne, son hospitalisation l’a empêché de fait de se charger de certains impératifs inhérents à sa fonction, comme la signature de la Constitution (adoptée par référendum le 1er novembre) ou de la loi de Finances 2021.

D’autres chantiers prioritaires, au premier rang desquels l’organisation d’élections législatives, restaient en grande partie suspendues à leur retour. Mardi 29 décembre, le président algérien est finalement revenu dans son pays. « C’est difficile d’être loin de son pays et plus difficile encore pour quelqu’un qui a beaucoup de responsabilité » a-t-il déclaré.

· Guinée : réélection d’Alpha Condé

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2020 aura été l’année électorale de toutes les tensions en Guinée. La modification de la Constitution, validée par référendum au terme de plusieurs mois qui auront vu une forte mobilisation de l’opposition et d’une partie de la société civile, a permis au président sortant de briguer un troisième mandat.

Le 18 octobre, Alpha Condé a affronté dans les urnes son rival de toujours, Cellou Dalein Diallo, qui avait rompu avec la stratégie du boycott prôné par une partie de l’opposition. Après s’être autoproclamé vainqueur de cette présidentielle, l’opposant a refusé de reconnaître la victoire du président sortant, validée par la Cour constitutionnelle.

Alpha Condé a été investi le 16 décembre, en présence de plusieurs chefs d’État africains, pour un troisième mandat à la tête du pays lors duquel il a promis de « gouverner autrement », tout en mettant en garde ceux de ses opposants : « Chacun doit respecter la loi et bannir de ses propos et de ses actes la violence ».

· Éthiopie : Abiy Ahmed, Prix Nobel de la paix en guerre

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Après des semaines de tensions entre Addis-Abeba et Mekele, la capitale du Tigré, une offensive militaire a été lancée le 4 novembre contre la région dissidente dirigée par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF, qui a passé 27 ans au pouvoir).

Le 28 novembre, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix, a annoncé avoir repris la capitale régionale. Mais les combats se poursuivent dans la région, sans qu’aucun bilan officiel n’ait été communiqué.

· Diplomatie : Trump reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara

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La décision a été annoncée par Donald Trump sur Twitter, le 10 décembre : les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

L’annonce a été faite quelques semaines après les incidents de Guerguerate, lorsque des miliciens du Polisario ont bloqué la zone-tampon, entraînant l’installation d’un cordon de sécurité par les forces armées royales.

Cette décision est également liée à la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, dont le symbole fut le premier vol Tel-Aviv-Rabat ayant atterri le 22 décembre sur le sol marocain, avec à son bord de hauts responsables israéliens et américains, parmi lesquels Jared Kushner, le gendre du président Trump.

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