Poutine, l’hôpital et la charité

Publié le 13 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Les Américains vont-ils s’enliser dans le « bourbier » irakien, comme naguère les Soviétiques en Afghanistan ? Un ancien chef du KGB en est convaincu. Son avis n’est pas tout à fait indifférent puisqu’il se nomme Vladimir Poutine et qu’il l’a donné au New York Times. Selon le président russe, la guerre a toutes les chances d’être « longue, sanglante et finalement vaine ». Depuis l’intervention des troupes américaines, l’Irak attire les terroristes islamistes « comme un aimant ». Le régime de Saddam Hussein était sans doute « criminel » – ce qui n’a jamais dissuadé la défunte URSS de lui apporter son soutien -, mais il a au moins eu le mérite « d’éliminer physiquement, d’emprisonner ou d’exiler » un nombre considérable de fondamentalistes musulmans, s’enthousiasme Poutine, qui doit songer aux Tchétchènes. Résultat, les Américains ont désormais deux ennemis pour le prix d’un : les débris du régime baasiste, alliés à leurs ennemis islamistes d’hier.
On sait que le chef du Kremlin n’a aucune intention de dépêcher des troupes du côté de Bagdad – ce qui se conçoit -, mais le jugement qu’il porte sur les forces de la coalition réunie à grand-peine par les États-Unis est franchement déplaisant : à l’en croire, ces infortunés soldats ont tendance à « abuser de l’alcool » (dans la bouche d’un Russe, l’accusation est grave). Ils vendent leurs armes au plus offrant et ne rêvent que de filer… à l’anglaise. À qui songe-t-il en particulier ? Aux Polonais, aux Roumains, aux Ukrainiens, aux Espagnols, aux Portugais ou aux Mongols ? Les paris sont ouverts.
Plus sérieusement, le président russe réitère ses prises de position en faveur du rétablissement rapide de la souveraineté irakienne et de l’adoption d’une nouvelle résolution onusienne définissant clairement la durée de l’intervention américaine. Mais son argumentation serait plus convaincante sans la mascarade électorale qu’il vient d’organiser du côté de Grozny. En somme, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Car dans les montagnes du Caucase aussi, la guerre risque d’être longue, sanglante et finalement vaine.

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