Place aux jeunes

Le Fonds des Nations unies pour la population consacre sa publication annuelle aux adolescents et souligne leur rôle primordial dans le développement.

Publié le 13 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Les adolescents sont à l’honneur. C’est aux 10-19 ans, au nombre de 1,2 milliard dont 87 % vivent dans les pays en développement, que le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) consacre son rapport annuel 2003, intitulé « Un milliard à ne pas oublier ». Bien évidemment, ce milliard de jeunes – qui devient 3 milliards si l’on considère, comme le fait souvent le FNUAP dans sa publication, la totalité des moins de 25 ans – représente la prochaine génération d’adultes, celle qui va devoir affronter un monde en évolution rapide et pas véritablement enthousiasmant. Ainsi, l’extrême pauvreté touche 22,5 % du nombre total de jeunes : 238 millions d’adolescents vivent avec moins de 1 dollar par jour, et 462 millions avec moins de 2. Dans les zones rurales, cette misère pousse les jeunes à s’installer dans les centres urbains, où leurs repères sont totalement bouleversés, ce qui ne favorise pas un passage serein à l’âge adulte. Autre menace pesant sur leur avenir, le VIH, qui fait des ravages parmi les 15-24 ans. Près de la moitié des nouvelles infections surviennent parmi les adolescents, et majoritairement chez les jeunes filles. Cette situation n’est pas seulement un malheureux état de fait. Si rien ne change, elle entraînera d’énormes coûts pour les individus et la société : ainsi, le FNUAP estime à 34 600 dollars le bénéfice économique d’une infection au VIH évitée dans un pays pauvre.
Malgré tout, cette forte proportion de jeunes, qui devrait cesser petit à petit de croître pour se stabiliser en 2050 – en raison d’une baisse générale de la fécondité -, est également une bonne nouvelle pour l’avenir. Car si croissance démographique et pauvreté dans les pays en développement sont deux phénomènes intimement liés, l’arrêt du premier offre l’occasion de lutter contre la seconde, grâce à l’ouverture d’un « créneau démographique ». Il s’agit d’une période où la proportion de la population active (15-60 ans) augmente par rapport à celle des personnes à charge (enfants et plus de 60 ans). Avec moins d’inactifs, et à condition d’avoir engagé des politiques appropriées dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’économie, cette période de productivité accrue peut favoriser une transformation économique et sociale et hisser le pays vers le haut.
La Thaïlande et la Corée du Sud, où le créneau est déjà ouvert, ont su l’utiliser. À la faveur d’une politique sociale adéquate, ils disposent aujourd’hui d’une population active à même de générer des taux de croissance importants. Les pays les plus pauvres, dont ceux d’Afrique subsaharienne, n’entreront pas avant 2050 dans ce « créneau démographique », car la fécondité y est encore relativement élevée, avec en moyenne trois enfants par femme (contre six en 1960). À eux donc de mettre à profit les quarante-cinq années à venir pour élaborer des politiques, dirigées vers leurs jeunes, qui leur permettront d’oeuvrer au développement de leur pays dès que le créneau s’ouvrira. Car cette occasion ne se reproduira pas de sitôt.

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