2003 : Marrakech s’installe

Edition 2003 : en dépit du décès de son principal animateur, le Festival international du film de Marrakech s’installe dans le paysage.  

Publié le 13 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Malgré l’adversité – du 11 septembre, qui précède de peu son baptême du feu en 2001, aux attentats islamistes de Casablanca le 16 mai, en passant par la mort brutale, en février dernier, de son principal animateur, Daniel Toscan du Plantier -, le Festival international du film de Marrakech poursuit imperturbablement son chemin. Ainsi commence-t-il à se faire petit à petit une place parmi les grands rendez-vous internationaux consacrés au septième art.
Grâce à une sélection variée et courageuse, qui ne sépare plus, comme en 2002, les cinémas du Sud et du Nord et qui a mis en vedette en ouverture un film marocain traitant de la période noire du règne de Hassan II (Mille Mois, de Faouzi Bensaïdi), le Festival a mieux affirmé sa vocation de devenir le lieu d’élection d’un « art sans frontières » et d’« une réponse artistique aux tensions qui pèsent sur le monde », pour reprendre deux expressions d’Isabelle Huppert, venue rendre hommage, au cours d’une soirée spéciale, à Toscan du Plantier. Par ailleurs, en décidant le principe général de la gratuité des séances, les organisateurs n’ont fait que renforcer le caractère populaire d’une manifestation que d’aucuns trouvaient jusqu’ici un peu trop people, pour ne pas dire mondaine. Il est vrai que le choix de mettre en valeur, parallèlement à la compétition, le cinéma indien de « Bollywood » (autrement dit les mélodrames des studios de Bombay) et d’inviter la star des stars Amitabh Bachchan, l’« homme aux 900 millions de spectateurs », ne pouvait que faciliter la poursuite de cet objectif d’associer la population marocaine au Festival.

Le palmarès final, annoncé le 8 octobre par le président du jury, le grand cinéaste allemand Volker Schlöndorf, est apparu représentatif d’une manifestation qui entend refuser les tabous et faire reculer l’intolérance. C’est une tragi-comédie bosniaque, Au feu, de Pier Zalica, évoquant avec sensibilité les difficultés de l’après-guerre, qui a obtenu la récompense suprême, l’Étoile d’or de Marrakech. Le Prix spécial du jury a été accordé à The Station Agent, de Todd McCarthy, un film ovationné par le public et dont le héros est un nain passionné de trains. Le Prix de la mise en scène est allé à un réalisateur japonais très original, mais déjà consacré sur la scène internationale, Takeshi Kitano, pour Zatoichi. Le Maroc lui-même a été deux fois distingué à travers le Prix du scénario, attribué à Narjiss Nejjar pour Les Yeux secs, déjà remarqué à Cannes, et le Prix d’interprétation féminine, remporté par Najat Benssallem, pour son rôle dans Raja, une évocation sans concession, signée par le cinéaste français Jacques Doillon, des relations équivoques entre un riche quadragénaire européen et une jeune Marocaine, et dont l’action se déroule… à Marrakech.

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