Honneur aux artistes de l’image
Bamako accueille les Ves Rencontres de la photographie africaine du 20 octobre au 20 novembre. Demandez le programme.
Publié le 13 octobre 2003 Lecture : 3 minutes.
Du 20 octobre au 20 novembre 2003, Bamako accueille la cinquième édition des Rencontres de la photographie africaine. Comme le Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou ou la Biennale des arts de Dakar, cette manifestation, non contente d’attirer le feu des médias sur le Mali, se veut l’occasion d’associer le grand public et les professionnels, du continent et d’ailleurs. Pour ce faire, les Rencontres tenteront de mêler hommages, expositions diverses, rencontres et ateliers.
Les hommages, d’abord. Entre 2001 et 2003, quatre grands artistes de l’image s’en sont allés. Le célèbre portraitiste malien Seydou Keita, l’Arménien glamour du Caire, Van Leo, l’Américaine d’origine nigériane Mfon Essien et l’Algérien Mohamed Dib, poète, romancier, journaliste, mais aussi photographe (voir encadré p. 66). Si les Rencontres veulent jouer le rôle de tremplin pour les jeunes générations, ses organisateurs n’ignorent pas ce qu’elles doivent aux pionniers qui ont su saisir l’humeur et l’atmosphère de leur époque.
Cette année, le thème général portera sur « le sens du rite dans nos sociétés », comme l’écrit le commissaire général Simon Njami. Rites sacrés, rites profanes seront déclinés au sein de l’exposition internationale qui rassemblera environ 350 images de vingt-cinq photographes sélectionnés sur l’ensemble du continent africain. Mohamed Camara, 20 ans, sera le cadet de l’exposition. Jeune footballeur malien, il confie être « venu à la photographie d’abord par curiosité, puis par passion ». Ses clichés, intimistes, mettent en scène des jeunes Bamakois dans un lieu très personnel : leur chambre. Samta Benyahia, Algérienne née à Constantine, sera, elle, l’aînée des exposants. Professeur à l’École nationale des beaux-arts d’Alger jusqu’en 1988, elle participait récemment à la Biennale de Venise. De l’Algérie au Nigeria, de la Guadeloupe à la Réunion, toutes les frontières seront brisées par les photo- graphes. Une occasion pour nombre de jeunes talents de se faire connaître.
Les expositions monographiques consacreront quatre artistes reconnus. L’Égyptien Nabil Boutros, 49 ans, qui travaille actuellement sur les liens entre Alexandrie et Marseille, les coptes, la musique et les cafés égyptiens. Le Zimbabwéen John Maluka, 71 ans, journaliste au Daily News, nommé meilleur photographe du Commonwealth en 1983, qui signe de superbes clichés sur l’Inde, en noir et blanc. Le Sud-Africain Santu Mofokeng, 47 ans, qui, à côté de son travail pour l’agence Afrapix, s’interroge sur la représentation des Noirs, en particulier dans les médias. Enfin, le Brésilien Eustaquio Neves, 48 ans, qui manipule et modifie ses images de la communauté des Arturos (descendants d’esclaves).
Quatre pays africains – l’Égypte, le Mozambique, le Sénégal et le Zimbabwe – seront par ailleurs portés sur le devant de la scène grâce à un kaléidoscope de 800 images. Enfin, les expositions thématiques seront cette année consacrées à l’histoire du football africain, à la mode et aux portraits mortuaires. En outre, les Rencontres de la photographie africaine s’ouvriront pour la première fois sur un pays… non africain. L’Allemagne, représentée par huit jeunes photographes, proposera un regard différent, un autre regard. Avec plus de 3 000 photos exposées, la précédente édition des Rencontres avait fait le choix de l’exhaustivité, comme s’il s’agissait de prouver la vitalité et la richesse de la production africaine. Une abondance critiquée à l’époque dans les colonnes du quotidien français Libération : « Cette profusion est une épreuve pour le festivalier au bord de l’insolation, confronté à des murs et des murs d’images sans légendes, parfois sans autre point de repère que la nationalité du photographe et sa date de naissance. » Cette année, les erreurs du passé semblent avoir été corrigées, et les Rencontres s’annoncent, encore une fois, festives.
