Vos lettres et e-mails sélectionnés

Publié le 13 octobre 2003 Lecture : 4 minutes.

Trop de place pour le golf
L’article de Ridha Kéfi paru dans le n° 2226 concernant l’urbanisation d’Hammamet m’a beaucoup intéressé. Il exprime honnêtement ce que pensent les habitants de cette région verte de la Tunisie. Les Hammamétois voient aujourd’hui leurs vergers se rétrécir comme peau de chagrin. Des dizaines d’hectares de terres agricoles ont été sacrifiés sur l’autel de l’expansion touristique pour édifier notamment de vastes terrains de golf.

À compétence égale…
La notion de Français de « souche », évoquée par Francis Kpatindé dans le n° 2229 (« Noir d’ici et d’ailleurs »), a été fabriquée pour favoriser une certaine catégorie de la population qui souffre d’un complexe de supériorité vis-à-vis des étrangers. C’est un système de passe-droit, alors que les Français issus de l’immigration ont leur place dans la société. La marginalisation et l’exclusion des « Blacks » s’expliquent par des considérations de bassesse d’esprit datant du Moyen Âge. La colonisation a également sa part de responsabilité.
Les moyens de communication de masse en France ne font pas un grand effort pour aider la population issue de l’immigration à s’épanouir et à occuper des postes de responsabilité. Au contraire, ils sont les premiers à la diaboliser. Un de mes anciens collègues n’a-t-il pas dit sur son lieu de travail : « Un Noir ne peut pas commander les Blancs. » À formation et compétence égale, les patrons blancs refusent d’embaucher des Noirs pour des motifs incompréhensibles ou par ignorance.

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Lansana Conté à la télévision
J’ai lu avec beaucoup d’attention votre couverture « Mourir au pouvoir » en Guinée. Je voudrais seulement vous adresser ce commentaire : je reviens, comme vous le dites dans votre papier, sur le fait que la télévision guinéenne évite soigneusement de montrer les difficultés qu’a le président Lansana Conté pour se déplacer, de même qu’elle évite les gros plans de son visage amaigri… Mais, lors de son dernier voyage en Italie [20 septembre 2003], la télévision a montré des images du chef de l’État en train de gravir très péniblement les marches qui le mènent à son avion. Les téléspectateurs ont pu ainsi se faire une certaine idée de l’état de santé dans lequel le président de la République se trouvait.

C’est quoi le bonheur ?
Dans le numéro 2228, en page 96, vous avez publié une image de trois enfants de Kinshasa transportant péniblement et par des moyens éloignés de notre modernisme actuel une charge visiblement au-delà de leur poids physique à eux.
Contrairement à ce que vous semblez insinuer, je ne peux pas dire qu’ils sont heureux. Car c’est une situation quotidienne, banale et commune à beaucoup de jeunes de la RDC et de bien d’autres pays en Afrique. À mon avis, on ne parle de bonheur que lorsqu’on a passé une barrière, qu’on est passé d’un état à un autre forcément meilleur. Or ces jeunes n’ont jamais connu une autre ville et sont à mille lieues d’imaginer une situation autre que celle qu’ils vivent.

Cynisme
Je veux féliciter Avraham Burg pour son analyse critique de la politique israélienne (J.A.I. n° 2228). Ce qui me frappe, c’est la transposition de ses arguments sur le monde entier. Nous avons aujourd’hui des politiciens qui cherchent plus à se maintenir au pouvoir qu’à trouver des solutions pour le bien-être des citoyens. L’insensibilité évoquée par Burg est une donnée internationale : qui s’intéresse vraiment à la souffrance des enfants-soldats, des petites filles violées, des chômeurs, des vieux, des réfugiés, des immigrés ? Qui s’intéresse aux femmes seules, aux enfants des banlieues ? Leur vie, pour citer Burg, est aussi une torture. L’injustice et la corruption morale sont des problèmes globaux. Des prêtres catholiques impliqués dans des scandales de pédophilie, c’est inimaginable ! Les grandes puissances disent, c’est le « marché libre » ! Mais elles continuent de protéger leurs agriculteurs contre la concurrence des cotonniers du Burkina, du Bénin, du Mali… C’est du cynisme incroyable.

Guerre d’usure
Je reviens sur votre éditorial « Pourquoi attendre 2005 ? » et sur le texte de Shimon Pérès « Oslo, la bonne feuille de route » (J.A.I. n° 2229). Pour moi, et c’est triste à écrire, seule une guerre totale débloquerait la situation, car les Israéliens ne négocient que quand ils ont peur. Il s’agit d’une guerre à laquelle participeront de manière active tous les pays arabes, de la Mauritanie à Oman, y compris ceux ayant signé une paix de dupes avec Israël. Des pays non arabes pourraient y prendre part, au moins par l’envoi de volontaires. Les armes de destruction massive d’Israël ne lui permettraient pas de vaincre l’ensemble des pays arabes. Ce ne sera donc pas une guerre éclair. Face à l’enlisement, Israël n’aura pas d’autre option que de négocier.

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Médias équitables
Quand pouvoir et opposition chantent sur la même rime démocratique, le peuple savoure des mélodies harmonieuses. C’est pour vous dire que le jeu politique a besoin de fair-play pour garantir une vie paisible aux citoyens. Aussi les médias d’État ne doivent-ils pas être l’apanage de la majorité présidentielle, mais les instruments d’expression et d’information du peuple dans toute sa diversité. Ils constituent un facteur de développement. Et quand un opposant désire rentrer dans son pays, le pouvoir ne devrait pas l’en empêcher. Les chefs d’État africains ont donc fort à faire pour réserver autant d’espace médiatique à leur parti qu’à l’opposition et à la société civile.

Peur de la démocratie ?
Je lis avec intérêt la plupart des articles de J.A.I. Mais l’éditorial « Ce que je crois » me donne parfois la nausée. Dans le « Triste palmarès » du n° 2228, BBY s’attribue le luxe de guider les terroristes palestiniens vers une « meilleure » stratégie de massacres… Il parle comme si Saddam Hussein était un saint et non pas un mégalo-génocidaire qui se moquait de l’ONU et envahissait ses voisins. Il s’attaque aux libérateurs de l’Irak… J’ai l’impression que la démocratie lui fait peur. Je crois qu’il est un fataliste-nihiliste, qu’il s’oppose à tout, même à la démocratisation.

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