Extrait

Publié le 14 octobre 2003 Lecture : 1 minute.

« Par-delà les portes-fenêtres, la colline contrefaite ; les champs pourris ; les arbres loqueteux où les vents de nuit flûtent d’insoutenables litanies : les grappes de vieillards séchant au soleil, le menton dans la main, l’il empreint d’incessantes
somnolences puis, au bout de tous les chemins et de toutes les attentes, le cimetière.
Je hais ce pays.
Je ne me méfierai jamais assez de ce village où rien ne subsiste, où, à défaut de grandir, les gnomes qui y gîtent ne font que vieillir. Les jeunes sont allés ailleurs courir la licorne. Les restants boudent leur maigre cheptel et l’ingratitude des champs ; leur âme s’est avachie, leur foi est un sinistre, et ils n’ont plus quoi aimer.
J’ai cherché partout un visage, un regard digne d’intérêt ; rien. À Douar Yatim, lorsqu’on
n’enterre pas le vendredi, on se terre. La prière accomplie, plus personne ne s’attarde dans les rues. La bourgade évoque aussitôt un territoire fantôme que les cigales peuplent de stridulations maléfiques.
C’est l’été. Le long été maghrébin. »

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