Côte d’Ivoire : Pascal Affi N’Guessan remis en liberté provisoire
La justice a prononcé la remise en liberté provisoire de l’opposant ivoirien, qui avait été arrêté le 7 novembre dernier. Le président du Front populaire ivoirien (FPI) reste cependant toujours poursuivi pour « atteinte à l’autorité de l’État ».
Pascal Affi’N’Guessan va recouvrer sa liberté, mais sera soumis à un contrôle judiciaire. L’opposant, qui avait été arrêté dans la nuit du 6 au 7 novembre dernier, a été présenté ce mercredi devant un juge de la cellule judiciaire spéciale mise en place fin novembre par décret présidentiel pour traiter les dossiers relatifs à la crise pré et postélectorale.
À l’issue de l’audition, le magistrat a prononcé la remise en liberté provisoire du président officiellement reconnu du Front populaire ivoirien (FPI). Ce dernier, qui a co-fondé avec Henri Konan Bédié le Conseil national de transition (CNT), dont il fut le porte-parole, reste cependant sous le coup de poursuites pour « atteinte à l’autorité de l’État », a précisé une source judiciaire à Jeune Afrique.
« Je remercie tous les démocrates qui se sont mobilisés pour ma libération, pour la cause de la démocratie en Côte d’Ivoire. Heureux de vous retrouver », a écrit l’opposant sur son compte Twitter quelques heures après sa remise en liberté.
Je remercie tous les démocrates qui se sont mobilisés pour ma libération, pour la cause de la démocratie en Côte d’Ivoire. Heureux de vous retrouver ! #CIV225
— AFFI N'GUESSAN P. (@p_affi) December 30, 2020
L’appel à la « désobéissance civile »
Contrairement aux autres personnalités incarcérées dans le cadre des enquêtes en cours concernant la crise électorale, Pascal Affi N’Guessan n’était pas détenu à la prison de la Maca, mais était à l’isolement dans une villa de l’École de gendarmerie, dans le quartier de Cocody, à Abidjan.
Pascal Affi N’Guessan, 67 ans, avait rejoint l’appel à la « désobéissance civile » lancé par l’opposition à la veille de la présidentielle du 31 octobre dernier, pour laquelle il avait prôné le « boycott actif ». La création du CNT avait été considérée par les autorités ivoiriennes comme un acte de sédition.
Une dizaine de personnalités politiques l’ayant rejoint avaient ainsi été arrêtées le 3 novembre, dont Maurice Kakou Guikahué, porte-parole de Bédié. Placé en détention à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), ce dernier a été évacué vers la France dans la nuit du 19 au 20 décembre pour raisons sanitaires.
La remise en liberté des personnalités de l’opposition arrêtées depuis l’élection présidentielle figure en haut de la liste des revendications de l’opposition, avec laquelle le pouvoir a engagé un dialogue qui s’est terminé mardi sans qu’un accord formel ne soit trouvé.
Ouattara promet des « mesures d’apaisement »
Quelques heures avant l’annonce de la remise en liberté de Pascal Affi N’Guessan, le président Alassane Ouattara avait, lors du conseil des ministres, « félicité » le Premier ministre Hamed Bakayoko « pour les résultats du dialogue politique ». « C’est un pas important, a déclaré le chef de l’État ivoirien. On ne peut pas tout régler en un seul jour ».
Le souhait exprimé par toutes les formations de participer aux législatives – dont la date a été fixée au 6 mars prochain – « nous permettra de voir le vrai paysage politique de notre pays, après dix ans d’absence de certains partis », a-t-il ajouté. Assurant s’être entretenu à « plusieurs reprises » avec Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara a également affirmé que les deux hommes avaient « convenu de reprendre le dialogue bilatéral (…) dans la deuxième quinzaine du mois de janvier ».
Se disant par ailleurs « personnellement engagé à faire en sorte que des mesures d’apaisement puissent être prises », il a cependant précisé que celles-ci seraient inscrites « dans le cadre de la loi ».
Le président ivoirien doit délivrer, ce jeudi 31 décembre, son traditionnel discours à la nation, le premier de son troisième mandat. Alassane Ouattara pourrait décider de prononcer une amnistie à l’égard des personnalités poursuivies dans le cadre de la crise électorale.
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