Algérie : acquittement surprise de Saïd Bouteflika, accusé de « complot »

Les généraux Mohamed Mediène, dit « Toufik », et Athmane Tartag, ainsi que la militante trotskiste Louisa Hanoune ont également été acquittés en appel samedi 2 janvier par la cour militaire de Blida.

Saïd Bouteflika en avril 2009 lors de la réélection de son frère à la présidence de l’Algérie (image d’illustration). © AP/SIPA

Saïd Bouteflika en avril 2009 lors de la réélection de son frère à la présidence de l’Algérie (image d’illustration). © AP/SIPA

Publié le 2 janvier 2021 Lecture : 3 minutes.

À la suite de cette décision surprise, Saïd Bouteflika a été transféré dimanche 3 janvier de la prison militaire de Blida, où il a été incarcéré le 5 mai 2019, à la prison d’El Harrach, indique le ministère de la Défense. Le frère du président déchu a été mis à la disposition du Procureur de la République près le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’Hamed où il est poursuivi dans d’autres affaires, précise la même source.

Outre Saïd Bouteflika, les généraux Mohamed Mediène, dit « Toufik », et Athmane Tartag, ainsi que la militante trotskiste Louisa Hanoune, condamnés dans cette affaire, ont été acquittés en appel par la cour militaire de Blida, selon l’avocat de la défense, Me Khaled Berghel, cité par l’agence de presse APS.

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Arrêtés en mai 2019, les quatre accusés avaient été condamnés en septembre de la même année à 15 ans d’emprisonnement lors d’un procès éclair devant le tribunal militaire de Blida, près d’Alger, pour « complot contre l’autorité de l’État et de l’armée ».

« Après la lecture de l’affaire sur l’assistance par le président de la Cour d’appel militaire de Blida, les accusés Saïd Bouteflika, Mohamed Mediène, Athmane Tartag et Louisa Hanoune ont été entendus et ont plaidé non coupables », a expliqué l’avocat. « Après délibération, la cour (…) a rendu la décision d’annuler le jugement en première instance et d’acquitter tous les accusés », a-t-il précisé.

« Plan de déstabilisation »

Il s’agissait du troisième procès de l’affaire. En novembre dernier, la Cour suprême avait accepté le pourvoi en cassation de Saïd Bouteflika et de ses co-accusés dans ce procès pour « complot ». Et il avait été décidé de rejuger l’affaire.

Les quatre acquittés étaient accusés de s’être réunis en mars 2019 pour élaborer un « plan de déstabilisation » du haut commandement de l’armée qui demandait alors publiquement le départ du président Bouteflika pour sortir de la crise née du Hirak, le soulèvement populaire inédit qui a contraint l’ex-chef de l’État à la démission en avril 2019.

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Les peines de 15 ans de prison de Saïd Bouteflika, de « Toufik », l’ancien tout puissant chef du tentaculaire Département du renseignement et de la sécurité (DRS), et de son ex-bras droit Athmane Tartag, qui lui avait succédé, avaient été confirmées en appel en février 2020.

Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti des travailleurs (PT, trotskiste), avait vu sa peine réduite de quinze à trois ans, dont neuf mois ferme. Elle avait été libérée en février 2020.

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La chute du « président-bis »

Saïd Bouteflika fut l’influent conseiller spécial de son frère Abdelaziz durant ses 20 ans de présidence (1999-2019). Son pouvoir s’était renforcé au point d’être considéré comme le « président-bis », à mesure que déclinait la santé du chef de l’État, victime en 2013 d’un AVC qui l’a laissé paralysé et aphasique.

Après la démission forcée de son frère, Saïd Bouteflika a été cité dans plusieurs affaires corruption en compagnie d’anciens oligarques proches de l’ex-président algérien. Plusieurs magnats de l’ère Bouteflika ont été ainsi lourdement condamnés, dont Ali Haddad, l’ex-dirigeant de la principale organisation patronale algérienne, le Forum des chefs d’entreprises (FCE).

De plus, de nombreux opposants et militants du Hirak ont été également arrêtés, jugés et condamnés dans un climat de répression à l’encontre des opposants, des médias indépendants et des blogueurs.

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association aidant les prisonniers d’opinion, les interpellations et arrestations ciblant les militants antirégime sont quotidiennes malgré l’arrêt des manifestations hebdomadaires du Hirak depuis mars 2020 à cause de la pandémie de Covid-19.

D’après le CNLD, plus de 90 personnes sont actuellement détenues en Algérie pour des faits liés à la contestation et aux libertés individuelles.

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