Tunisie : entre Kaïs Saïed et l’UGTT, l’introuvable dialogue national
La centrale syndicale et le président tunisien sont tombés d’accord sur la tenue d’un dialogue national. Mais le malentendu demeure sur ses objectifs.
Depuis 2011, les initiatives de dialogue national lancées par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) semblent être la solution de sortie de crise privilégiée en Tunisie. Après Carthage 1, qui avait été récompensé par le prix Nobel de la paix en 2015, et Carthage 2, qui avait tourné court en 2018, la centrale syndicale persiste à vouloir réunir partis et instances nationales pour dégager les priorités de la législature en cours.
Après un mois de discussions, la présidence de la République a confirmé, le 30 décembre, le soutien du président Kaïs Saïed à l’initiative soumise par l’UGTT. Ce troisième dialogue national ne sera sûrement pas le dernier. Sans se dédire, Carthage a toutefois tenu à préciser dans un communiqué publié deux minutes après l’annonce officielle que cette démarche devait avoir pour objectif « de corriger le processus de la révolution qui a été dévié » et a exigé la participation « des représentants des jeunes de toutes les régions de la République ».
Selon l’ancien ministre Mohamed Hamdi, « le communiqué de la présidence témoigne de la volonté de modifier le contenu de l’initiative proposée par l’UGTT ». En tout cas, le format est très différent de celui prévu par le syndicat, qui consiste à réunir de manière classique différents intervenants de la scène politique, dont des instances nationales, dans le but de s’accorder sur une feuille de route destinée au gouvernement.
Zones d’ombre
« Le président de la République paraît avoir rejeté le dialogue. Il semble, en même temps, qu’il a donné son accord sous la contrainte », commente Abdelkarim Harouni, président du conseil de la Choura d’Ennahdha. De fait, le locataire de Carthage pose de telles conditions au projet qu’il suscite plus de questions que d’enthousiasme.
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