Pour une amie malienne

Publié le 13 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Une fidèle lectrice de Bamako me reproche, à juste titre, d’avoir fait sérieux, « trop sérieux », dans le dernier billet que j’ai consacré à l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet. « Avec tous les articles politiques qu’il y a déjà dans le journal, ce n’est pas la peine d’en rajouter, dit-elle. Lorsqu’on arrive à la dernière page, on a plutôt envie de respirer, de sourire et, pourquoi pas, de rire. »
Du coup, j’hésite à consacrer quelques lignes à la Côte d’Ivoire, coupée en deux depuis maintenant deux ans, et à commenter la seule question qui vaille à mes yeux : fallait-il prendre les armes dans ce (beau) pays ? Cette question, essentielle, a été posée dans un essai publié, l’an dernier, par un jeune séminariste ivoirien, Jean-Claude Djéréké, étudiant en doctorat à l’Institut catholique de Paris(*). Malheureusement, elle a eu peu d’écho.

Je n’épiloguerai pas non plus sur une réflexion de mon patron en conférence de rédaction : « Quand nos chefs d’État trouvent-ils le temps de travailler ? Ils passent sans cesse d’une réunion à l’autre… » En effet, Addis-Abeba a accueilli, début juillet, le traditionnel sommet de l’Union africaine ; Accra, fin juillet, une « rencontre de haut niveau » sur la Côte d’Ivoire ; Dakar, plus récemment, un conclave sur les criquets ; Ouagadougou, début septembre, un sommet international sur l’emploi. Tunis souffle, le même mois, les quarante bougies de la Banque africaine de développement, sans oublier l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, et la kyrielle de voyages officiels, officieux, privés, « de travail », et j’en passe.
Le sujet mériterait certainement qu’on s’y arrête, mais, pour ne pas subir l’ire de mon amie malienne, je voudrais partager avec vous le contenu d’une pub dénichée dans la presse ivoirienne et sortie tout droit de l’imagination d’un certain Yao Kouadio Albert, astrologue, chercheur, aromathérapeute (?), ophtalmologue, « génécologue » international et – autoproclamé – « secrétaire général des tradipraticiens de Côte d’Ivoire. »

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Si j’en juge par sa prose, notre homme soigne et guérit tout. Le sida, le zona, la tuberculose pulmonaire, le priapisme et « l’érection molle », l’éjaculation précoce et, bien évidemment, le cancer du sein et de l’utérus. En « cinq minutes », il vient à bout de la « catacte » – la cataracte, je présume. À ses heures perdues, il est également « réparateur des coeurs brisés », et sait fabriquer des produits qui effacent les vergetures et les cicatrices. Il peut intervenir efficacement pour aider à la réussite aux examens et concours, « préparer spirituellement » (comprendre extirper le mauvais sort) un terrain en construction, intervenir sur les fibromes, les myomes et les kystes par… téléphone. Mais sa célébrité, il la doit sans doute à son talent de « redresseur de tous les sexes tordus ». Ça ne s’invente pas ! Ceux qui souhaiteraient contacter ce sacré docteur Yao Kouadio Albert peuvent toujours m’écrire au journal…

* Fallait-il prendre les armes en Côte d’Ivoire ? Par Jean-Claude Djéréké, Collection « Points de vue », L’Harmattan, Paris, 2003.

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