Pari gagné pour Compaoré

Publié le 13 septembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Contrairement à la cérémonie d’ouverture, celle de la clôture du sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) consacré à l’emploi et à la réduction de la pauvreté en Afrique (8 et 9 septembre, à Ouagadougou) a été plutôt brève et sobre : pas de discours en dehors de celui du président en exercice de l’UA, le Nigérian Olusegun Obasanjo, bouclé en quinze minutes. Blaise Compaoré, qui avait accueilli une vingtaine de ses pairs, pouvait être satisfait. Il a réussi son conclave, pour lequel il travaille depuis juillet 2003. Même si la grande famille du continent n’était pas toute réunie : le Togolais Gnassingbé Eyadéma, l’Ivoirien Laurent Gbagbo ou le Mauritanien Maaouiya Ould Taya ont brillé par leur absence (attendue).

La conférence a abouti sur autre chose qu’une simple profession de foi. Les décisions prises (mobilisation de plus de ressources pour la création d’emplois, accent mis sur les groupes défavorisés, priorité aux secteurs comme l’agriculture…) seront suivies d’effet grâce à la mise en place d’un mécanisme de contrôle et d’évaluation.

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Le chef de l’État burkinabè est d’autant plus satisfait qu’il peut compter sur le soutien, réaffirmé à Ouagadougou, du président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré, mais aussi d’autres grosses pointures du continent comme les présidents nigérian Olusegun Obasanjo, algérien Abdelaziz Bouteflika ou sud-africain Thabo Mbeki, qui ont tous fait le déplacement de la capitale burkinabè.
L’appui du colonel Mouammar Kadhafi – que tout le monde espérait voir pour célébrer le 9 septembre, qui est pour lui la journée de l’Union africaine, car c’est le 9-9-99 qu’il avait relancé, à Syrte, le projet de l’Union – ne devrait pas manquer, non plus. De fait, si le numéro un libyen n’était pas à Ouagadougou, il y a fait parvenir à bord d’un gros-porteur de type Antonov 124-100 une vingtaine de Mercedes flambant neuves. Un don qui vient s’ajouter au financement de la construction de vingt-cinq nouvelles villas dans le quartier Ouaga 2000 où ont été logés les chefs d’État. Ces résidences ont avantageusement pallié le retard pris dans les travaux de l’imposant complexe hôtelier Al-Fateh, financé par les Libyens. Un complexe qui devrait cependant être achevé pour le prochain sommet de la Francophonie, prévu les 26 et 27 novembre dans la capitale burkinabè.

La conférence sur l’emploi aura été d’ailleurs une sorte de répétition générale dans la perspective de ces retrouvailles francophones. Notamment sur le plan sécuritaire. La commission chargée de la sécurité était dirigée, comme d’habitude, par le colonel Gilbert Diendéré, chef d’état-major de la présidence de la République. Pas moins de quatre mille hommes – police, gendarmerie et surtout garde présidentielle – ont été mobilisés et déployés un peu partout, notamment sur les différentes voies d’accès à Ouagadougou. Et tous les véhicules entrant dans la capitale ont été systématiquement fouillés par les hommes de Diendéré.

Dans le contexte actuel de suspicion généralisée dans la sous-région, les services de sécurité burkinabè ont voulu s’entourer d’un maximum de précautions. Au grand dam de l’opposition qui voulait profiter du sommet pour sortir ses griffes. Elle a dû se contenter d’un communiqué, assez critique – il est vrai -, contre le régime de Blaise Compaoré, qui, lui, était tout à son arsenal pour résorber la crise de l’emploi sur le continent où, en moyenne, seulement 25 % de la population active jouit d’un emploi salarié.

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