Nous nous sommes tant aimés

Émoi dans les chaumières : après neuf ans d’union, la fille de Jimmy Goldsmith et l’ex-champion de cricket pakistanais divorcent.

Publié le 13 septembre 2004 Lecture : 6 minutes.

Après avoir beaucoup joué à cache-cache avec les paparazzi ces dernières semaines, Jemima Goldsmith, ex-épouse Khan, et l’acteur britannique Hugh Grant se sont laissé surprendre, fin août, en train d’échanger un fougueux baiser sur une plage isolée de la Côte d’Azur. Le visage rayonnant et le sourire épanoui, Jemima semble goûter à sa toute nouvelle liberté. Depuis qu’elle a rompu avec Imran Khan, la jeune femme multiplie les petits moments de bonheur avec Grant, comme pour oublier les derniers chapitres d’une histoire d’amour aussi belle que douloureuse.
« J’annonce avec beaucoup de tristesse que Jemima et moi avons divorcé », déclarait, le 23 juin, l’ex-joueur de cricket pakistanais reconverti dans la politique. Une phrase laconique qui sonne le glas d’une union de neuf ans. Un mariage victime de l’usure du temps, pour certains ; la conclusion prévisible d’une improbable histoire d’amour entre un musulman et une Occidentale, pour d’autres. Dans les deux cas, une aventure qui aura fait couler beaucoup d’encre.
Les médias se sont intéressés à Jemima et Imran dès le début de leur relation, avec la curiosité un peu dubitative de ceux qui espèrent trouver dans un couple mixte les ingrédients racoleurs dont ils pourront faire leur soupe. Le père de la mariée, feu le milliardaire franco- britannique Jimmy Goldsmith, n’avait-il pas lui-même présenté son gendre comme le « merveilleux premier mari » de sa fille ?
Les minorités pakistanaise et indienne de Grande-Bretagne, qui avaient vu en cette union symbolique un pied de nez aux conservateurs de tous bords, refusent d’imputer l’échec du mariage à la différence de culture ou de race. Elles ne trouvent pas extraordinaire qu’un couple divorce au bout de neuf ans, quand des millions de gens se séparent bien plus vite.
Face à la vague déchaînée par sa rupture avec Imran, Jemima fuit les médias depuis son retour en Grande-Bretagne. C’est en effet peu avant les fêtes de Noël 2003 que la jeune femme est partie se réinstaller à Londres avec ses deux fils : Souleiman, 7 ans, et Qasim, 5 ans. « Jemima a fait de son mieux pour s’adapter à la vie au Pakistan au cours de nos neuf ans de mariage, mais mes engagements politiques lui ont rendu l’adaptation difficile », a reconnu Imran au lendemain de leur rupture. La jeune femme n’avait pas ménagé ses efforts, mais tout les opposait.
Lorsqu’elle rencontre Imran Khan en 1995 au cours d’une soirée, Jemima est tout juste âgée de 21 ans. La fille de Sir James est une figure de la jeunesse dorée de Londres, habituée à arpenter les soirées chic et les salons des grands couturiers. Elle tombe pourtant amoureuse de Khan, un célèbre joueur de cricket qui ne cache pas ses ambitions politiques. Cet homme au physique ténébreux est loin de correspondre au parti que Goldsmith espère pour l’une des futures héritières de son empire. Imran cumule les handicaps. Il est certes diplômé en politique, philosophie et économie de la prestigieuse université d’Oxford, mais il est musulman, a vingt-deux ans de plus que sa promise et traîne une réputation de play-boy. Mais Jemima veut devenir la femme de son prince des Mille et Une Nuits. Et n’hésite pas, ultime preuve d’amour, à abandonner la religion juive pour se convertir à l’islam. Elle prend le nom de Haiqa et adopte par la même occasion le voile, dont elle couvre sa chevelure blonde. C’est aussi sans états d’âme qu’elle renonce aux vêtements griffés, cachant désormais sa plastique de mannequin sous l’ample vêtement traditionnel pakistanais.
Si le mariage civil est célébré à Paris, la cérémonie religieuse a lieu au Pakistan. C’est là-bas, à Lahore, que le couple s’installe au retour de son voyage de noces, car Imran a définitivement abandonné les pelouses du cricket pour se jeter dans l’arène politique. Il fonde un parti d’opposition très engagé dans la lutte contre la corruption et s’investit à fond dans son combat. Jemima, elle, entame sa nouvelle vie avec la sincère volonté de se comporter comme une épouse pakistanaise. Elle qui a grandi dans de luxueuses résidences accepte sans broncher de vivre avec son mari et son beau-père de 75 ans dans la modeste maison de ce dernier. Elle épaule Imran dans son combat politique, s’emploie à rallier les gens à sa cause, poussant le zèle jusqu’à prononcer ses discours en ourdou, la langue officielle du Pakistan. Les premières années de leur mariage, la jeune femme ne recule devant rien pour s’intégrer à ce qu’elle considère comme sa seconde patrie. Pour apporter des fonds au centre anticancer créé par Imran, elle lance une ligne de prêt-à-porter dont elle confie les finitions aux femmes pakistanaises, une façon de leur donner du travail. Elle s’engage dans les actions caritatives, devient ambassadrice de l’Unicef et participe à la lutte contre le tétanos néonatal au Bangladesh. Ce n’est pas tout : Jemima se bat pour que les jeunes filles issues de zones rurales éloignées puissent avoir accès à une meilleure éducation, s’occupe des réfugiés afghans installés à Peshawar et… élève ses deux fils.
Mais la politique s’immisce de plus en plus dans la vie du couple, jusqu’à devenir une rivale pour Jemima. Qui ne prend plus les absences prolongées de son mari avec la philosophie de la jeune épouse ingénue qu’elle était au début de leur union. Les absences d’Imran lui pèsent, la vie trépidante de Londres lui manque, et elle voit jour après jour ses espoirs de mener une vie de famille normale s’amenuiser. Imran, qui ambitionne de devenir un jour Premier ministre, s’implique sans cesse dans de nouveaux projets qui l’occupent à longueur de temps. S’il ne supervise pas la construction de l’hôpital pour enfants de Lahore, il suit de près celui de Karachi. Jemima, prise par ses activités caritatives, est elle-même souvent obligée de se rendre en Angleterre. Bref, leur mariage traverse des zones de turbulences de plus en plus fréquentes, entrecoupées d’éclaircies où chacun tente de faire un effort. Mais Jemima multiplie ses séjours dans son pays natal et recherche auprès de ses proches le soutien moral qu’elle ne trouve plus auprès de son époux.
L’année dernière, le couple connaît sa première vraie crise. Jemima fête ses 30 ans sans Imran, au Annabel, un club londonien. Les bougies de son gâteau d’anniversaire, c’est en compagnie de ses amis qu’elle les souffle, car son mari, trop pris par ses obligations, ne s’est pas libéré. De toute évidence, Imran refuse de s’éloigner du Pakistan. À la requête de sa femme, qui, désirant que ses enfants soient scolarisés en Angleterre, lui demande de partager son temps entre Londres et Islamabad, il répond : « Ma vie est au Pakistan. »
Jemima s’installe alors seule dans la capitale britannique, avec ses fils. Officiellement, pour reprendre ses études et suivre un mastère en études orientales et africaines. Officieusement, pour prendre un peu de recul. Jemima veut encore croire à son mariage. En décembre 2003, elle fait publier de Londres un communiqué dans le Daily Times de Lahore : « Il est faux de prétendre que Imran et moi traversons une crise. Cette séparation est temporaire, et je rentrerai au Pakistan dès que j’aurai terminé mes études et sitôt la construction de notre maison d’Islamabad achevée. Mon mari et moi sommes accoutumés aux rumeurs qui, en plus d’être injustes, nous blessent, nous et notre entourage. » Une initiative d’autant plus inattendue que la jeune femme est discrète de nature. Voulait-elle, par cet acte, essayer de sauver ce qui restait de son mariage ? Le fait est que six mois plus tard le couple n’évitera pas le divorce. « Mes ambitions politiques ont été la cause de mon divorce », reconnaîtra Imran. Aujourd’hui à la tête du Mouvement pour la justice, un parti très critique à l’égard du président Pervez Musharraf, l’ancien sportif a été élu député en octobre 2002. Et compte bien poursuivre son engagement dans la vie publique : « Ma maison et mon avenir sont au Pakistan », répète-t-il à l’envi.
En retrouvant sa liberté, l’une des héritières de l’empire Goldsmith est redevenue l’un des plus beaux partis du royaume. Plus pour très longtemps peut-être. Car Jemima et Hugh Grant semblent filer le parfait amour. Y aurait-il mariage sous roche ? L’acteur britannique, célibataire endurci notoire, y songe sans doute. Il a déjà présenté Jemima à son père…

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