Centrafrique : Touadéra va-t-il pouvoir tenir ?
Réélu au premier tour de la présidentielle, Faustin-Archange Touadéra a gagné son pari. Mais que fera-t-il de son second mandat ? Mis sous pression par les groupes armés, contesté par une opposition qui ne reconnaît pas une élection tronquée, le président ne bénéficie que d’une faible légitimité.
Quelques heures d’attente, mais aucune minute de répit. Le 4 janvier, avec une après-midi de retard, l’Autorité nationale des élections (ANE) a annoncé que Faustin-Archange Touadéra avait remporté 53,92 % des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle du 27 décembre et qu’il était, par conséquent, réélu pour un second mandat. Le sortant devance de loin les opposants Anicet-Georges Dologuélé (21 %) et Martin Ziguélé (7,46 %). « Coup K.-O. » réussi.
À quoi doivent désormais s’attendre les Centrafricains ? Dès l’annonce des résultats, une partie des candidats ont annoncé qu’ils allaient déposer des recours devant la Cour constitutionnelle. Recours abusif au vote par procuration, bourrage d’urnes, non-présentation de procès-verbaux (PV)… Plusieurs opposants n’ont pas attendu pour demander l’annulation du scrutin présidentiel, qu’ils ont cependant peu de chances d’obtenir.
« Cette élection est une mascarade. Au-delà des fraudes, comme la non-présentation des PV aux représentants de l’opposition, un tiers seulement des inscrits [650 000 sur 1,8 million] a pu aller voter », dénonce un adversaire de Faustin-Archange Touadéra. « À qui la faute ?, rétorque un proche du président. Ce sont les groupes armés de la Coalition patriotique pour le changement [CPC] qui ont empêché le vote et c’est François Bozizé qui a appelé au boycott. »
« Bozizé a mal analysé la situation »
Au lendemain de l’annonce des résultats, un nom est en tout cas sur toutes les lèvres : celui de l’ancien président. Rentré au pays fin 2019, François Bozizé s’était porté candidat avant de voir son dossier rejeté début décembre 2020 par la Cour constitutionnelle. Il s’était ensuite allié à Anicet-Georges Dologuélé, en particulier sous l’impulsion de son directeur de campagne, Christian Guénébem… avant de favoriser la création de la CPC et d’appeler ses partisans à ne pas aller déposer leur bulletin dans l’urne.
« Dologuélé s’est laissé piéger par François Bozizé, déplore un membre de l’opposition. Il a négocié une alliance avec Guénébem en espérant récupérer une partie des voix du KNK [Kwa Na Kwa], mais Bozizé a préféré jouer sa carte personnelle avec les groupes armés ». Anicet-Georges Dologuélé a bien appelé ses partisans à se rendre aux urnes, mais l’éphémère alliance avec l’ex-président avait éclaté, tandis que la CPC se lançait à l’assaut des axes menant à Bangui pour mettre la pression sur le pouvoir. « Bozizé a fait une mauvaise analyse. La crise de 2013 a laissé trop de traces. Il y a aujourd’hui un fort rejet de ce type d’actions par la population, à qui cela a rappelé les pillages et les viols », analyse un ancien ministre.
Il ne peut pas se dire démocrate, s’allier avec des groupes armés et appeler au boycott
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