L’Amérique malade du racisme

Publié le 13 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Ce qui frappe d’abord, c’est la peur. Elle est perceptible partout. […] L’Amérique traîne son « problème noir » comme un boulet depuis plus d’un siècle. Aujourd’hui, il lui explose dans les entrailles et l’écho en parvient aux quatre coins du monde. Les Américains admettent volontiers qu’ils n’ont pas résolu ce problème, mais ils s’irritent des leçons de morale qui viennent de l’étranger. Ils ont raison. En matière de racisme, il semble que très peu de peuples aient des leçons à donner aux autres. À moi qui suis français, on a souvent demandé : « Que faisiez-vous donc avec « vos » Algériens ? »
Je répondais : « Des horreurs. »
– Que se passerait-il en France si vous aviez 10 % de Noirs ?
– Peut-être la même chose qu’aux États-Unis. Peut-être serait-ce pire. Ou beaucoup mieux. Je ne sais pas.
La question n’est pas là. Elle n’est pas de juger les Américains au nom d’une vertu supérieure, mais de voir ce qu’ils font aujourd’hui pour résoudre un problème très particulier : celui de l’assimilation dans une société blanche d’une minorité noire portant encore les marques matérielles et psychologiques de l’esclavage dans lequel elle s’est constituée. Aucune autre nation moderne n’ayant eu à l’affronter, il n’y a pas d’exemple de réussite à citer aux Américains. Les problèmes coloniaux étaient d’un tout autre ordre et ils ont été résolus par les colonisés bien plus que par les colonisateurs. Peut-être d’autres peuples, placés dans les mêmes conditions, n’eussent-ils pas fait mieux que celui des États-Unis. Cela ne doit pas empêcher de constater que le virus raciste empoisonne plus que jamais la société américaine.
Il y a aux États-Unis, pour les citoyens noirs, une géographie de la peur. […] Dans le Nord, un Noir risque, de temps en temps, une remarque insultante ou une humiliation. Dans le Sud, cela peut être bien plus grave. S’il reste « à sa place » et se tient bien tranquille, rien ne lui arrivera. Mais cette place est étroite et il peut arriver que le Noir s’en écarte involontairement. Ce n’est pas lui qui en jugera mais le Blanc. S’il se trouve mêlé à un incident, il sera toujours dans son tort. Contre un Blanc, particulièrement un policier, son témoignage ne vaudra rien. […]

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