Des idées qui vont changer l’Afrique : contrats de performance, lois antitrust, négociations en bloc… Zoom sur la gouvernance [1/5]

Touché – durement – mais prêt à rebondir, le continent devrait rattraper cette année les pertes de 2020. Et des innovations en matière de gouvernance pourraient l’aider à faire encore mieux.

Une statue du dernier empereur éthiopien, Haile Selassie, après son dévoilement devant l’Union africaine à Addis-Abeba, le 10 février 2019. © Samuel Habtab/AP/SIPA

Une statue du dernier empereur éthiopien, Haile Selassie, après son dévoilement devant l’Union africaine à Addis-Abeba, le 10 février 2019. © Samuel Habtab/AP/SIPA

Publié le 11 janvier 2021 Lecture : 3 minutes.

JAD20210115-DOSSIER ECO-21 IDEES
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21 idées qui vont changer l’Afrique en 2021

Touché – durement – mais prêt à rebondir, le continent devrait rattraper cette année les pertes de 2020. Voici la contribution de Jeune Afrique à cet effort de relance avec une liste de mesures aussi innovantes que nécessaires.

Sommaire

15 000 MW rien qu’en Afrique de l’Est. C’est la capacité énergétique que pourrait générer la géothermie dans cette région, selon l’Union africaine.

Pour l’heure, seul le Kenya (qui figure dans le top 10 mondial des producteurs d’énergie géothermique) a sauté le pas, près de la moitié de sa consommation électrique étant assurée par cette énergie propre, fiable et compétitive. Mais des projets sont en cours en Éthiopie, Égypte, Érythrée, Ouganda, Tanzanie et à Djibouti. Établir une carte des ressources à exploiter permettrait d’en faire émerger d’autres et de motiver les investisseurs.

  • Adopter un Sherman Act africain
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Pour nombre d’économistes, c’est la mesure devant accompagner l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Si l’ouverture des frontières est indispensable, l’organisation de la concurrence – par l’intermédiaire de l’adoption d’une loi antitrust sur le modèle de la réglementation américaine de 1890, toujours en vigueur – l’est tout autant.

Accompagnée de la création d’une agence de la concurrence, elle permettrait la démonopolisation des économies, notamment au Maghreb, mais aussi l’encadrement des opérations de fusion et de rachat. L’échelon supranational doit assurer une certaine indépendance vis-à-vis des intérêts locaux.

  • Impliquer la Zlecaf dans toute négociation commerciale

Un pays membre de la Zone de libre-échange commerciale africaine doit informer ses pairs et leur faire bénéficier des conditions les plus favorables contenues dans tout nouvel accord bilatéral conclu – la « clause de la nation la plus favorisée ».

Paradoxe : aucun mécanisme contraignant n’existe aujourd’hui permettant à la Zlecaf d’intervenir en amont, durant les négociations commerciales avec les partenaires extérieurs. Avancée importante, cependant, les négociations tarifaires pour l’implémentation de la Zlecaf impliquent désormais les communautés économiques régionales (Cedeao, CAE), forçant les États africains à soumettre leurs propositions tarifaires à travers leurs unions douanières et non plus individuellement.

  • Généraliser les contrats de performance
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Le Rwanda en a fait la colonne vertébrale de son administration. Portant le nom d’« Imihigo », ils fixent des objectifs annuels à chaque fonctionnaire et donnent lieu, tous les ans, à un classement des districts les plus vertueux. Mais les contrats de performances, s’ils se développent dans la fonction publique, s’imposent aussi dans les relations entre états et entreprises privées.

Récurrents dans le secteur énergétique, ils doivent être étendus aux autres secteurs. Une garantie d’efficacité et d’équilibre du rapport des forces entre les parties prenantes.

  • Des mines artisanales appuyées par des multinationales extractives
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Alors que la RDC détient les deux tiers des réserves de cobalt, essentiel à la fabrication des batteries des véhicules électriques, plusieurs grands groupes miniers et de négoce se sont alliés avec des coopératives locales pour favoriser le développement de mines artisanales « responsables ».

Grâce à des sites extractifs d’un nouveau genre, exploités par des mineurs locaux organisés en coopérative, encadrés, équipés et formés par des groupes internationaux, ce système vise à créer des emplois décents, empêcher le travail des enfants, protéger l’environnement et assurer la traçabilité du minerai.

Expérimenté en RDC avec l’appui du suisse Trafigura et du chinois Huayou Cobalt, qui commercialisent le minerai, ce modèle intéresse les filières aurifères au Sahel ainsi que celles du saphir à Madagascar, où il permettrait de pérenniser des emplois et de lutter contre l’exploitation du sous-sol par des groupes armés ou mafieux.

  • Multiplier les « scaling solar », encourager la production locale

Concevoir, financer et réaliser des projets de centrales solaires sans attendre qu’ils émergent d’eux-mêmes. Telle est l’approche d’IFC, branche de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, avec son programme « scaling solar ». Fort de son succès, il s’étend sur le continent.

D’où l’idée de le décliner dans d’autres secteurs clés : l’agroalimentaire afin d’encourager la production locale de poulet par exemple, l’immobilier pour favoriser la construction de logements sociaux et durables, la santé et l’éducation pour créer des solutions d’e-formation et d’e-médecine.

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