Enfin, un sommet sur l’emploi !

Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, associés aux grandesorganisations internationales, à la société civile et aux acteurs économiques, se sont réunis les 8 et 9 septembre 2004 à Ouagadougou autour du thème « Emploi et lutte contre

Publié le 13 septembre 2004 Lecture : 3 minutes.

L’inscription du thème de l’emploi à l’ordre du jour d’un sommet de l’Union africaine est une première. C’est que la pauvreté, le chômage et le sous-emploi en Afrique sont devenus préoccupants. Quarante-neuf pour cent de la population d’Afrique subsaharienne vit en dessous du seuil de pauvreté. Au cours des années 1990, la pauvreté a augmenté de 2 % par an dans cette région. Selon le Bureau international du travail (BIT), le chômage touche en 2004 quelque 35 millions d’Africains, et 140 millions de travailleurs gagnent moins de 1 dollar par jour. En 2003, 18,6 millions de jeunes Africains, dont 7,2 millions de femmes, étaient sans emploi. Le taux de chômage des 15-24 ans est deux fois plus élevé que la moyenne du continent. Au cours des douze prochaines années, l’Afrique subsaharienne devra créer 8 millions d’emplois en vue d’absorber le nombre croissant de demandeurs d’emploi. Pour réduire de moitié le taux de chômage et le pourcentage de travailleurs pauvres d’ici à 2015, conformément aux Objectifs du Millénaire pour le développement, il faudrait tripler le taux de croissance du PIB de la plupart des pays africains.
Au-delà du chômage, d’autres réalités telles que l’émigration préoccupent au plus haut point les dirigeants africains, et leur solution se trouve dans la création d’emplois décents en Afrique.
Il s’agit également de concevoir et de mettre en oeuvre une stratégie concertée qui place l’emploi au coeur des programmes de lutte contre la pauvreté. Diverses stratégies ont jusqu’à présent été mises en oeuvre, avec l’appui des bailleurs de fonds internationaux, mais sans efficacité réelle. Après les programmes d’ajustement structurel, les documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP) montrent leurs limites : des emplois continuent de disparaître, la croissance économique demeure fragile. Un changement stratégique s’impose. Le directeur général du BIT l’a affirmé à Addis-Abeba en décembre 2003 : pour développer l’Afrique, il faut, « outre de bonnes politiques macroéconomiques, investir dans des activités à fort coefficient d’emplois et dans des entreprises capables de générer des revenus ».
Les résolutions du sommet de Ouagadougou ne tomberont pas dans l’oubli, car les chefs d’État ne se sont pas réunis seuls, mais sous le regard des partenaires sociaux, de la société civile et de la communauté internationale. Les conclusions de cette rencontre sont ainsi assurées de l’adhésion de la majorité. Pour prendre en compte le tripartisme tant prôné par l’Organisation internationale du travail (OIT), le sommet a été précédé, les 3 et 4 septembre, par la rencontre des acteurs réels de l’économie : le Forum des partenaires sociaux se réunit, en associant la société civile, pour élaborer des propositions concrètes en matière de création d’emplois. Cette séance de travail a été suivie par une réunion du Conseil exécutif de l’Union africaine les 5 et 6 septembre. En sus des organisations régionales africaines, des organisations internationales majeures participent à ces réunions : BIT et autres organisations des Nations unies, FMI, Banque mondiale, ainsi que divers partenaires au développement de l’Afrique.
Le sommet de Ouagadougou constitue un engagement politique capital envers les populations africaines et un message clair pour les partenaires au développement de l’Afrique. Les chefs d’État veulent qu’au sortir de ce sommet le continent soit doté d’un plan d’action, de mécanismes de financement de l’emploi ainsi que d’un mécanisme de suivi et de contrôle aux plans national, régional et continental, impliquant les acteurs de l’économie. Enfin, le traitement de ce thème par les Africains eux-mêmes est le gage qu’ils se mobiliseront et se donneront toutes les chances de réussir.
En donnant des emplois aux jeunes, les États africains retrouveront sérénité et paix. Il est temps pour l’Afrique de tracer sa voie et de s’y engager résolument. J’invite les organisations internationales à être plus disponibles et plus conséquentes dans leur soutien à l’Afrique. Elles devraient nous envoyer moins de « commissaires politiques » et plus de ressources financières, d’appui technique et d’expertises véritables.

* Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Jeunesse du Burkina Faso.

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