L’aviculture africaine sort de sa coquille

Le secteur est en plein essor. Et pour cause : les oeufs et la viande de volaille sont riches en protéines… et bon marché.

Dans une ferme avicole en Côte d’Ivoire. © AFP

Dans une ferme avicole en Côte d’Ivoire. © AFP

Publié le 16 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

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Agriculture : révolution de palais

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Dans le combat pour l’autosuffisance en protéines animales, l’aviculture est sans doute la meilleure arme de l’Afrique. « Un poulet est produit en quarante jours, alors qu’un boeuf nécessite vingt mois d’élevage intensif », explique Philippe Lecomte, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Résultat : le secteur, prometteur, attire de nombreuses sociétés spécialisées. Mais aussi le fonds d’investissement African Agriculture Fund (AAF), fort de 243 millions de dollars (177 millions d’euros). Il a notamment investi dans la firme zambienne Goldenlay (à hauteur de 24 millions de dollars), l’une des principales sociétés avicoles au sud du Sahara, ainsi que dans l’entreprise camerounaise West End Farms.

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JA2778p077-4« L’aviculture commerciale couvre deux secteurs distincts : les poulets, pour la viande, et les poules pondeuses, pour la production d’oeufs. La viande blanche est l’une des sources de protéines les moins chères, tandis que les oeufs constituent une nourriture à la fois riche et très bon marché, qui bénéficie en outre d’une bonne durée de conservation », explique Colin Watson, spécialiste de l’agriculture chez l’investisseur sud-africain Phatisa, gestionnaire du fonds AAF.

Entraînement

Autre avantage de la filière : elle stimule d’autres productions agricoles. « Dans beaucoup de pays, les politiques l’ont favorisée pour son effet d’entraînement sur la production de céréales. C’est le cas en Afrique australe notamment », constate Philippe Lecomte.

Du nord au sud du continent, les filières se mettent en place avec plus ou moins de réussite. En Côte d’Ivoire, la Société ivoirienne de productions animales (Sipra), qui détient 60% du marché, a lancé en 2012 un plan d’investissement de 22 millions d’euros pour augmenter sa production, sur fond d’explosion de la consommation d’oeufs et de volaille.

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Le Maroc compte plusieurs producteurs de premier plan, parmi lesquels Zalagh, qui a reçu le soutien de la Société financière internationale (IFC, groupe Banque mondiale), ou encore Koutoubia, numéro un de l’élevage de dindes.

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Dans le royaume, le secteur a produit 510 000 tonnes de viande et 4,3 milliards d’oeufs de consommation en 2012 selon la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (Fisa). Il couvre la totalité des besoins en viande de volaille, soit 52% de la consommation totale de viande.

Soja

Malgré ces succès, le développement de l’aviculture risque de rencontrer plusieurs obstacles, notamment le prix élevé des aliments pour animaux (maïs, soja), qui représente plus de 60% du coût de production des volailles.

Un écueil que Poulina, l’un des plus importants conglomérats de Tunisie qui s’est développé grâce à l’aviculture, évite à sa façon : il dispose aujourd’hui de quatre usines d’alimentation animale, d’une capacité totale de 450 000 tonnes par an.

« À cela s’ajoutent la forte concurrence des importations de poulets congelés, ainsi que le coût et le manque de fiabilité de l’alimentation électrique », énumère Colin Watson. À travers AAF, il essaie d’aplanir une autre difficulté de taille : le manque de capitaux disponibles pour investir dans ces projets.

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