Séisme électoral

Publié le 14 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Le Premier ministre éthiopien Mélès Zenawi est dans la tourmente. La principale formation de l’opposition, la Coalition pour l’unité et la démocratie (CUD), et son partenaire, les Forces démocratiques unies de l’Éthiopie (EUDF), contestent les résultats provisoires des législatives du 15 mai. Pourtant, ils auraient obtenu au moins 175 sièges, dont les 23 de la capitale, contre 12 dans l’Assemblée sortante. Quant à l’alliance réunie autour de Zenawi, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), elle disposerait de la majorité absolue, avec quelque 320 sièges sur 547.
Dans un premier temps, les observateurs internationaux ont déclaré que le vote s’était effectué dans des conditions satisfaisantes de transparence, même si une équipe de l’Union européenne a souligné des retards dans le décompte des voix et une présentation partisane des premiers résultats par les médias d’État. Mais la CUD a déposé des recours en annulation dans 139 circonscriptions, arguant d’irrégularités relevées par ses représentants dans les calculs effectués. Et tente d’obtenir de la justice l’arrêt de la publication des résultats contestés, ainsi que la levée de l’interdiction de manifester. Bravant celle-ci, les étudiants ont organisé plusieurs grandes manifestations, qui ont dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, faisant plusieurs dizaines de morts et une centaine de blessés. Le pouvoir accuse l’opposition de manipulation et a placé le leader de la CUD, Haïlu Shawel, en résidence surveillée. Celui-ci nie farouchement toute implication dans les incidents.
Si l’opposition tient tant à faire reconnaître sa victoire, c’est qu’il lui faut contrôler au minimum un tiers des sièges de l’Assemblée (plus de 182) pour disposer d’une minorité de blocage. En outre, le Parlement étant chargé de nommer le Premier ministre, une victoire absolue de l’EPRDF permettrait à Zenawi d’obtenir un troisième mandat.

Même si ce dernier ne manque ni de détermination ni de ressources pour ramener le calme, le vent de la démocratie qui souffle sur ce pays de 70 millions d’habitants risque fort, à terme, de modifier le paysage politique. Le parti du Premier ministre, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), est désormais confronté à une opposition organisée qui a beaucoup gagné en représentativité au niveau fédéral.

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