Cameroun : Jean-Michel Nintcheu peut-il sauver le SDF ?

En perte de vitesse à travers le pays, le Social Democratic Front (SDF) a confié à son virevoltant député du Littoral, partisan d’une opposition frontale avec le régime, la lourde tâche d’élaborer la nouvelle stratégie opérationnelle du parti.

L’opposant camerounais Jean-Michel Nintcheu (Social Democratic Front). © MABOUP

L’opposant camerounais Jean-Michel Nintcheu (Social Democratic Front). © MABOUP

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 8 janvier 2021 Lecture : 5 minutes.

Son nom est indissociable du vent de contestation qui souffle en permanence sur Douala, la frondeuse capitale économique du Cameroun. À 62 ans, le député Jean-Michel Nintcheu peut même se targuer d’être l’un des derniers acteurs de la lutte pour les libertés individuelles au Cameroun, parmi ceux qui ont bâti la réputation contestataire de la ville. Il est l’héritier de cette génération née à l’occasion du retour au multipartisme dans les années 1990 et qui présente aujourd’hui des signes d’essoufflement.

C’est lui que le Social Democratic Front (SDF) a chargé d’élaborer sa nouvelle stratégie de reconquête des cœurs. Jean-Michel Nintcheu appelle depuis de longs mois le SDF à faire son examen de conscience. Entre 2018 et 2020, il a profité de chaque réunion du Comité exécutif national (NEC), la plus haute instance du parti, pour ramener le débat autour de la stratégie à adopter. Sa détermination a fini par porter ses fruits puisque le 12 décembre, le leader du SDF, John Fru Ndi, fraîchement de retour au Cameroun, a créé une « commission Action » visant à « réfléchir sur les actions pouvant être mises en place sur le terrain ». Sa direction a été confiée à Nintcheu, qui se dit « ravi d’avoir été entendu ». Le député devra rendre sa copie en février 2021, lors de la prochaine réunion du comité.

Nintcheu est convaincu qu’il est encore possible d’enrayer le déclin du parti et que le SDF n’est pas condamné à assister, impuissant, à la reconfiguration politique du pays. La situation n’est pourtant pas florissante, il le sait et l’explique par « ces années passées dans une opposition dite “républicaine”, dont le fondement est la convivialité institutionnelle avec le RDPC [Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir] ».

« Opposition frontale »

Lui souhaite que le SDF renoue avec ses racines et avec l’esprit frondeur des années 1990 : « Notre parti a construit sa réputation sur une opposition frontale avec le régime. Nous devons retourner à cette stratégie, clame-t-il. La lutte pour le changement est loin d’avoir atteint son objectif. La plupart des régimes africains ont changé, seul le Cameroun est toujours dans l’inertie. Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour faire changer ce système. » Ces positions radicales ne font néanmoins pas l’unanimité, y compris au sein de l’aile plus modérée du parti, emmenée par Joshua Osih, vice-président du SDF.

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