Crash Ethiopian Airlines : Boeing prêt à indemniser compagnies et proches de victimes
Près de deux ans après la catastrophe qui a fait 157 morts en Éthiopie, le constructeur américain a reconnu sa responsabilité et s’est engagé à verser 2,5 milliards de dollars pour mettre un terme à une partie des poursuites.
« Nous avons failli à nos valeurs et à nos attentes. » Dans une note aux employés de Boeing, David Calhoun, directeur général du constructeur américain, est clair.
L’entreprise, qui a signé le 7 janvier un accord avec les autorités américaines, a reconnu sa responsabilité dans les accidents de Lion Air, en octobre 2018, et d’Ethiopian Airlines, en mars 2019.
Boeing a reconnu que deux de ses employés avaient induit en erreur un groupe chargé au sein de l’autorité américaine de l’aviation, la FAA, de préparer la formation des pilotes, notamment sur le volet du logiciel de vol MCAS, mis en cause dans les deux accidents.
Conséquence, dans les documents émis par la suite par l’agence de l’aviation, manquaient des informations essentielles sur ce logiciel, qui n’ont donc pas été inclues dans les manuels des compagnies. C’est seulement après le premier accident, en octobre 2018, que la FAA a eu connaissance « de détails clés » sur le MCAS.
« Complot en vue de commettre une fraude »
« Les employés de Boeing ont préféré le profit à la franchise et en s’efforçant de dissimuler leur tromperie », a dénoncé un responsable du ministère de la Justice, David Burns, dans un communiqué. L’accord entériné par le constructeur accuse officiellement Boeing de complot en vue de commettre une fraude.
Le groupe, qui a accepté de continuer à coopérer avec les autorités pour toutes les enquêtes en cours ou à venir et de respecter certains engagements, s’est en outre engagé à verser aux États-Unis une amende de 243,6 millions de dollars, ainsi que 1,77 milliard de dollars d’indemnités aux compagnies aériennes ayant commandé le 737 Max, tandis que 500 millions devront abonder un fonds destiné à indemniser les proches des victimes des accidents de Lion Air et d’Ethiopian Airlines.
Sollicitée par Jeune Afrique, la communication d’Ethiopian Airlines n’était pas disponible ce 8 janvier pour commenter cet engagement.
Le 737 Max à nouveau autorisé à voler
Alors que le ministère américain s’est engagé de son côté à lever les poursuites dans trois ans si Boeing obéit à toutes ses obligations, le 737 Max, cloué au sol pendant vingt mois, a été à nouveau autorisé à voler dans certains pays fin 2020, notamment au Brésil et aux États-Unis.
Le groupe a toutefois essuyé de nombreuses annulations de commandes de la part de compagnies aériennes auprès desquelles le 737 Max avait connu un véritable succès commercial, notamment en Afrique.
Quant aux familles de victimes, elles ne sont pas toutes prêtes à abandonner leurs poursuites, à l’image de Zipporah Kuria, qui a perdu son père dans le crash du 737 Max d’Ethiopian Airlines, et qui estime que l’accord représente une « simple tape sur les doigts ».
« Si on cherchait vraiment la justice, les personnes responsables chez Boeing ne devraient pas prendre leur retraite ou démissionner avec des primes – elles devraient être tenues pénalement responsables de leurs actes », souligne-t-elle dans un message repris par l’AFP.
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